Nucléaire : Du comique de répétition en politique…

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Pour preuve de leur foi en l’atome, pas moins de quatre ministres du gouvernement Ayrault se sont fait fort de dire et répéter tout le bien qu’ils pensaient du nucléaire en général et de son avenir en particulier.

Par Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement

Montebourg, Valls, Sapin et Batho s’y sont donc repris à quatre fois en moins d’une semaine pour enfoncer le clou radioactif dans le cerveau de ce bon peuple si rétif à avaler la couleuvre nucléaire. Bien belle unanimité en définitive d’une classe politique qui n’a eu de cesse, depuis les années 1970, de contourner le peuple pour imposer une démocratie radioactive.

 En répétant les éléments de langage fournis par le lobby nucléaire tel un mantra, ces ministres semblent vouloir se convaincre eux-mêmes de l’inanité du propos. Sur tous les tons, le nucléaire a un avenir, est l’avenir, sera l’avenir, mais a surtout été l’avenir… de Pierre Messmer en 1973 ! Le nucléaire n’est en définitive qu’une technologie du passé sans avenir, un imparfait que cette classe politique sans imagination n’arrive pas à dépasser.

 Un cinquième des 437 réacteurs actuellement en fonctionnement ont fait l’objet d’un arrêt ou d’une décision d’arrêt dans les années qui viennent. Seule une trentaine de pays ont fait le choix de cette technologie à risque et avant le drame japonais, les Etats-Unis, la France et le Japon concentraient à eux trois, plus de 50% des réacteurs en fonctionnement dans le monde. Selon l’Agence Internationale de l’Energie (qui est loin d’être une officine anti-nucléaire) cette source d’énergie représentera, d’ici à 2030, moins de 2% de l’énergie finale consommée, évaluation effectuée… avec la catastrophe de Fukushima ! Les ressources en uranium sont estimées à une quarantaine d’années tout au plus. Loin d’être l’avenir, le nucléaire apparaît donc pour ce qu’il est : une anecdote en voie de disparition !

 Mais pour nos décideurs politiques, le passé est une source d’inspiration inépuisable. L’aéroport de Notre-Dame des Landes, conçu dans les années 70, ou le programme électronucléaire imaginé dans les années 50 sont quelques-uns de ces exemples symbolisant à l’envie ce hoquet de l’histoire.

 Faute d’oser rompre avec un prêchi-prêcha indigeste, ces éléphanteaux se drapent dans les oripeaux de leurs aïeux. Nulle créativité à attendre d’eux. Seule compte la défense d’idées préconçues qui résistent à l’usure du temps comme un réacteur résiste à un tsunami.

 La cécité de ces responsables est à la hauteur de leur morgue. Aux abois, ils aboient. Enoncent des vérités qui n’en sont pas. La vérité… leur vérité ne le devient qu’à force de répétitions. Tels des fanatiques religieux qui frisent le comique de répétition, ils se relayent pour saturer l’agenda médiatique et créer du consentement. De guerre lasse, ils espèrent simplement avoir le dernier mot.

 Mais un mensonge, même répété mille fois, ne fait pas une vérité. Après le drame de Tchernobyl, après la catastrophe de Fukushima, le simple fait d’oser affirmer que le nucléaire aurait un avenir à quelque chose de profondément dissonant.

 A mille lieues des attentes de la population française, très largement favorable à une véritable transition énergétique faisant la part belle à la sobriété énergétique et au développement des énergies renouvelables, nos responsables politiques adoptent, a contrario, la posture de militants de l’atome.

 Nous sommes le 3 septembre 2012, nous sommes en France et nous venons de vivre une semaine durant laquelle l’auto-persuasion a confiné à l’absurde.