Trois questions @ Brigitte Gothière, porte-parole de L214

L'association L214 vient d'être contrainte, par la justice, à retirer de son site des photos et vidéos montrant des élevages industriels non conformes où le mal-être animal est une norme non écrite. Cette censure restreint considérablement le droit des associations à diffuser une information qui porterait préjudice aux pollueurs et industries négligentes. Cette décision crée un précédent qu'il est nécessaire de condamner avec la plus grande fermeté. Agir pour l'Environnement apporte son soutien à l'association L214.
L’association L214 a reçu les signalements, photos et vidéos de deux élevages industriels détenant respectivement 111 000 et 200 000 poules pondeuses et approvisionnant l’entreprise Matines. Par décision de justice, il lui a été interdit de diffuser les images. Il est pourtant avéré que ces deux élevages sont en infraction avec la réglementation européenne en vigueur depuis le 1er janvier 2012.
Question n°1 / La justice vient d'ordonner la censure de photos et vidéos diffusées par L214 montrant des élevages industriels insalubres. Toute vérité n'est pas bonne à voir ?
Effectivement, les éleveurs et abatteurs savent très bien que
des images qui se diffusent, c'est une réalité qui arrive aux yeux des
consommateurs, réalité qui contredit l'image des élevages bucoliques basée sur
le matraquage publicitaire.
D'une façon générale, pour consommer des
produits d'origine animale, on a besoin de croire que les animaux ont été
heureux et sont morts sans souffrance. Les images qui sortent des élevages et
des abattoirs nous ramènent brutalement sur Terre en nous montrant la violence
que nous faisons vivre aux animaux par procuration. Et nous en avons besoin pour
réfléchir.
Question n°2 // Comment expliquez-vous cette décision qui place l'industriel négligeant en situation de pouvoir censurer une info qui lui déplaît ?
On ne se l'explique pas : ces images devraient être publiques,
elles sont d'intérêt général, elles ne dévoilent pas la vie privée de l'éleveur
mais des faits dont tout le monde devrait avoir connaissance.
Elles montrent
d'une part les conditions de vie de 37 millions de poules pondeuses détenues
dans des élevages en batterie, la promiscuité, le manque d'espace, l'état
déplorable des poules et d'autre part la situation particulière de deux élevages
qui ne respectent pas les normes en vigueur - ce qui accentue encore les
mauvaises conditions de vie des animaux.
Question n°3 /// Après cette nouvelle censure, les lanceurs d'alerte sont-ils condamnées au silence ?
Oh que non ! Ces images, tout comme
celles captées dans les abattoirs, dans les élevages ou dans les laboratoires
pratiquant des expérimentations animales par exemple doivent pouvoir être
montrées, même sans l'accord des exploitants. La réalité de ce que subissent les
animaux ne doit pas être cachée sous de faux prétextes.
Nous avons donc
fait appel de cette décision et comptons bien poursuivre : ça nous semble
vraiment important de récupérer l'usage de ces images et d'éviter qu'une
jurisprudence négative pour les lanceurs d'alerte ne s'installe.
En ce
qui concerne nos missions pour les animaux, il est indispensable de montrer la
réalité pour que les pratiques changent, pour que chacun se rende compte de ce
que nos habitudes impliquent.
Nous ne nous laisserons pas museler, nous
continuerons d'informer les gens sur la sordide vie des animaux dans la grande
majorité des élevages, nous continuerons de pousser aux changements nécessaires
pour que toutes ces pratiques cessent.
Soutenir l'association L214