Inutile, couteux et imposé : l'exemple du projet de seconde gare TGV à Montpellier

Communiqués de presse

Le 24 novembre dernier, le Commissaire enquêteur Pierre Balandraud, a émis un avis favorable à la construction d'une seconde gare TGV à Montpellier, dite aussi Gare de la Mogère. Ceci alors même que sur les 700 contributions que le commissaire enquêteur a reçu seules 11 (2% !) soutiennent le projet de nouvelle gare TGV.

Ce commissaire enquêteur note, vraisemblablement pour faire bonne figure que « Les particuliers, les associations et les élus qui se sont manifestés ont été extrêmement critiques sur de nombreux aspects du projet. » Dont acte !

Conscient de la forte hostilité des habitants de Montpellier à l'égard d'une seconde gare sans raccordement direct avec la gare Saint Roch, qui engendrerait donc un allongement des correspondances entre trains régionaux et grandes ligne, le commissaire enquêteur « engage Montpellier Agglomération à poursuivre sa réflexion sur la mise en place de liaisons, en transport collectif, rapides et confortables entre les 2 gares ». Comme s’il ignorait que seule pourra exister en pratique une ligne de tramway déjà saturée, avec des temps d’accès qui effaceront complètement les gains de temps prévu avec la grande vitesse. La plupart des usagers seront de fait contraints à recourir à la voiture.

Ce projet de plus de 200 millions d'euros est situé sur une zone inondable ! Comment, à la suite des inondations qui ont frappé à plusieurs reprises ce territoire, occulter ce problème ? La gare actuelle de Montpellier a été entièrement rénovée il y a peu pour un coût de 50 millions d’euros ! Pire, alors que l'enquête s'est déroulée pendant que la Cour des Comptes s'inquiétait ouvertement des dérives financières du tout-TGV, il apparaît une nouvelle fois que les outils démocratiques mis en place pour écouter et recevoir l'avis du public n'ont été qu'un passage obligé, pendant que des conventions financières soit disant contraignantes étaient signées en toute opacité. Il n'y a rien d'étonnant à constater ensuite l'apparition de tensions entre des décideurs-bétonneurs et les riverains-payeurs !

On ne peut au fond qu’être consterné par les deux justifications auxquels se résument les réponses des promoteurs du projet :
- Peu importe que les prévisions de trafic soient en baisse, peu importe que la pertinence de la gare soit totalement conditionnée à la réalisation encore incertaine du tronçon à grande vitesse entre Montpellier et Perpignan : il est trop tard pour reculer.
- Cette gare a toujours été un prétexte pour urbaniser les zones naturelles encore préservées au sud de Montpellier. Peu importe qu’elle ne soit pas le meilleur emplacement sur la nouvelle ligne TGV: l’étalement urbain d’abord.

A quoi sert alors l’enquête publique ? A quoi sert d’y exposer point par point le trucage de la comparaison des deux sites par RFF, si celui qui doit relever ces éléments s’empresse de les écarter pour se ranger à d’aussi fallacieux et fatalistes arguments ? Pour Agir pour l'Environnement, qui a fortement mobilisé son réseau languedocien en lien avec VéloCité et Attac Montpellier, il n'est pas satisfaisant que la mobilisation citoyenne clairement opposée à ce nouveau projet inutile bute sur la surdité d'un Commissaire enquêteur dont l'avis semble avoir été écrit avant le début de l'enquête publique.

La condescendance avec laquelle sont traités les citoyens qui ont cru à l’objectivité de cette procédure ne peut que conduire à une contestation grandissante ! Dans les mois à venir, Agir pour l'Environnement invitera son réseau languedocien à accroitre la pression sur Réseau Ferré de France et les quelques décideurs encore favorables à ce projet inopportun !