Débat Energie : Le retour du CNPF

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Alors que le débat national sur la transition énergétique peine à intéresser le grand public, le patronnant fourbit ses armes et cherche à accroître son influence.

Itinéraire d’un débat annoncé
Chronique n°3 du débat sur la transition énergétique

Par Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'Environnement

En plus d’auditions publiques laissant une place totalement disproportionnée aux tenants de l’industrie nucléaire (ancien président d’EDF, nouveau président d’EDF, actuel président d’Areva, président de GDFSuez…), le groupe de contact des entreprises de l’énergie a été invité à présenter devant le conseil national de la transition énergétique ses positions qui fleurent bon les trente glorieuses et cinquante gaspilleuses !

Produisez, gaspillez, il en restera toujours quelque chose !

Non contant de multiplier les lieux où ils puissent s’exprimer, le MEDEF, par la voix de sa présidente, a également convoqué la presse pour leur rappeler l’importance vitale de développer les gaz de schiste (pour l’indépendance de la France) et le nucléaire (pour l’indépendance de la France aussi…) mais en occultant soigneusement de soutenir avec autant de détermination les énergies renouvelables ou une véritable politique de maîtrise de l’énergie (sans doute inintéressant pour l’indépendance de la France…).

Parce que trop n’est jamais assez (!), le collège « employeurs » a également largement sa place au sein du Conseil national de la transition énergétique qui se réunissait jeudi 25 avril 2013 afin de valider les propositions du groupe de travail n°1 dédié à la sobriété et l’efficacité énergétique.

Le représentant du MEDEF, membre de l’Union Française de l’Electricité, est ce que l’on peut appeler « un tenant de la politique énergétique de grand-papa ». On l’imagine très bien tenter de réserver, sur son minitel, une place dans un concorde… En dehors du nucléaire, point de salut. Inutile d’évaluer le coût d’une catastrophe car elle serait impossible. Fermez le banc. Par contre, l’énergie (comprenez l’électricité) n’est pas chère donc il faut continuer comme avant. La transition énergétique n’est donc qu’une sorte de retour vers le futur, un bégaiement de l’histoire qui mettrait pourtant la France au banc des nations européennes. Et pendant ce temps, le MEDEF aboie et la caravane de la transition énergétique passe.

La délégation du MEDEF et les prises de position générales des employeurs ont ceci de curieux qu’elles ne reflètent absolument pas la diversité des points de vue qui s’expriment pourtant en son sein. Les énergies renouvelables, pourvoyeuses en emploi ou encore la sobriété et l’efficacité énergétique peuvent être à même de dynamiser un secteur du bâtiment atone.

Et bien, ce serait sans compter sans l’irréalité du débat sur la transition énergétique. Les représentants de la CGPME (les artisans, les petites et moyennes entreprises) s’opposent, sans en expliquer les raisons…, à l’obligation de rénovation des bâtiments ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, les représentants des artisans s’opposent à une obligation qui permettrait aux adhérents de la CGPME d’augmenter sensiblement leur activité !

Et pendant ce temps, le MEDEF multiplie les interventions pour réclamer encore et toujours plus d’énergie. Quelque soit sa forme (uranium, pétrole, gaz, charbon, agrocarburant…), la machine économique française a besoin de gaspiller. Au lieu de prendre modèle sur l’efficacité et la sobriété et ainsi réduire les coûts de production, le MEDEF croit encore vivre au temps merveilleux d’avant les chocs pétroliers où l’énergie était bon marché et disponible. Cette cécité alliée à l’envie d’appliquer encore et toujours les mêmes recettes éculées font du patronat français l’un des plus conservateurs au monde !

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