Ecotaxe : bonnets rouges, gros bonnets et bonnets d'âne...

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En renonçant à appliquer l’écotaxe au 1er janvier 2013, le gouvernement a ouvert les vannes d’un poujadisme anti-impôt dans lesquels se sont engouffrés un attelage hétéroclite d’agriculteurs productivistes, d’ultralibéraux sans foi ni loi, de routiers pas sympas et de salariés victimes des trois catégories précitées…

Billet d'humeur Par Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement

En renonçant à appliquer l’écotaxe au 1er janvier 2013, le gouvernement a ouvert les vannes d’un poujadisme anti-impôt dans lesquels se sont engouffrés un attelage hétéroclite d’agriculteurs productivistes, d’ultralibéraux sans foi ni loi, de routiers pas sympas et de salariés victimes des trois catégories précitées…

Sous couvert de bonnets rouges, symboles médiatiques d’un mécontentement régional et catégoriel, une violence s’exerce par la destruction de portiques éco-taxes.

Sous prétexte de défendre les PME et les paysans, les casseurs de portiques ne servent qu'à pérenniser les entreprises qui délocalisent. Non, les paysans bretons n'ont rien à craindre de l'écotaxe, car elle ne pénalisera que les industries agro-alimentaires sans valeur-ajoutée régionale, qui font abattre dans une souffrance scandaleuse les animaux à l'étranger et qui ne vivent que d'import-export.

Etonnamment, prisonnier d’une certaine forme de culpabilité à l’endroit de « ceux qui souffrent », le Gouvernement n’ose plus assumer son autorité légitime. Or, chacun sait que l’Etat de droit est une construction fragile qui ne repose que sur un contrat social. En usant de la violence pour arriver à leur fin, ces bonnets rouges remettent en cause le pacte social. En accordant du crédit aux bonnets rouges, le Gouvernement troque l’Etat de droit pour la loi du plus fort.

Le Gouvernement n’a rien à gagner à justifier, par ses renoncements, une violence perpétrée par des catégories qui ne doivent leur puissance qu’à leur aptitude à entretenir un modèle qui détruit l’environnement, les hommes et notre pacte républicain.

Parce qu’elle montre le vrai visage des réactionnaires en col blanc qui se drapent derrière des bonnets rouges, l’écotaxe doit s’appliquer. D’outil fiscal, l’écotaxe est devenue un principe. Sous couvert d'une concertation qui cache mal un conservatisme mal assumé, le Gouvernement a envoyé un signal extrêmement dangereux ; celui d’un Gouvernement prêt à tout les renoncements pour éviter la confrontation avec une classe dominante consciente de ses intérêts et prête à tout pour les préserver.

L’écotaxe remet en cause un modèle dont les grands bénéficiaires sont ceux qui détruisent la planète. Cette oligarchie ne renoncera pas au pouvoir qu’elle a acquis. Le Gouvernement fait donc face à un choix : soit il renonce soit il fait enfin de la Politique.

Nous sommes maintenant à un tournant du quinquennat de François Hollande.