Certains États membres veulent alléger les
contraintes environnementales pesant sur leurs entreprises.
De leur côté, les députés européens
adoucissent les règles sur les émissions
de CO 2 des automobiles.
Les nuages s'amoncellent au-dessus du projet européen
en matière énergétique et de lutte
contre le changement climatique. Baptisé " paquet énergie
et climat ", ce projet, sur lequel se penchent les
parlementaires de l'Union européenne en vue d'une
possible adoption avant la fin de l'année, doit
non seulement définir la stratégie de l'UE
dans ce domaine sensible (réduction des émissions
de CO2 de 20 % d'ici à 2020, augmentation de la
part des énergies renouvelables à 20 %, etc.),
mais aussi permettre de relancer les négociations
internationales sur le climat.
Or les derniers signaux émis inquiètent
les partisans d'un paquet ambitieux. Ces derniers jours,
le gouvernement allemand s'est rangé aux côtés
de ses lobbies industriels : ceux-ci sont vigoureusement
opposés à la proposition de la Commission
européenne visant à mettre aux enchères
la totalité des quotas d'émission entre 2013
et 2020. Aujourd'hui gratuit, ce dispositif, une fois devenu
payant, contraindrait les entreprises à limiter
leurs rejets de CO2 et supporter dans leurs coûts
une partie de cette pollution.
Mais Berlin cherche à exonérer de ces enchères
certains secteurs très exposés à la
concurrence internationale (acier, etc.) et à en
limiter l'application à 20 % des quotas pour la
plupart des autres secteurs, le reste des quotas continuant à être
distribué gratuitement.
INQUIETUDE DES ONG
" Même la production d'électricité pourrait échapper à une
mise aux enchères à 100 % ", s'inquiète-t-on à l'ONG
WWF, qui rappelle que les revenus issus de ces enchères
doivent en principe servir à investir dans la lutte
contre le changement climatique et à aider les pays
du Sud à y faire face.
Le risque est que d'autres États membres prennent
modèle sur Berlin dans le contexte du ralentissement
de l'activité mondiale. C'est également au
nom de la compétitivité que la commission
environnement du Parlement européen pourrait aujourd'hui
se prononcer pour un allégement du projet de législation
sur les émissions des automobiles. " Les constructeurs
ont obtenu que la pleine application des pénalités
en cas de dépassement des seuils d'émissions
de CO2 soit retardée à 2015 au lieu de 2012 ",
explique Stéphen Kerckhove, chez Agir pour l'environnement.
Hier Stavros Dimas, le commissaire européen à l'Environnement,
s'est impatienté. " Nous avons une crise économique,
nous avons une crise financière, nous avons une
crise énergétique et nous avons une crise
du climat. La crise du climat est permanente et menace
la planète ", a-t-il fustigé. Pas question
pour lui d'arriver à la conférence climat
de Poznan, début décembre, avec un " paquet " trop édulcoré.
LAURENT CHEMINEAU AVEC YANN-ANTONY NOGHÈS, À BRUXELLES
