PARIS - Dix associations, regrettant l'inaction des pouvoirs
publics, sont reparties en guerre contre l'usage du téléphone
portable pour les enfants et la promotion qui en est faite à l'occasion
des fêtes de fin d'année, avec une campagne
intitulée "TcherMobile".
L'an dernier à pareille époque, les associations
Agir pour l'environnement, chef de file de cette nouvelle
campagne, et Priartem avaient déjà vigoureusement
protesté contre la commercialisation pour les fêtes
d'un nouveau modèle de téléphone pour
enfants, alors même que l'Agence française
de sécurité sanitaire Afsset préconisait
de "limiter l'exposition des enfants au niveau le
plus bas possible".
Les associations avaient demandé l'interdiction
de ces appareils.
Le 2 janvier -"bien tardivement", notaient les
associations- la ministre de la santé Roselyne Bachelot
avait invité les parents à la "prudence" dans
l'achat et l'usage de téléphones mobiles
pour les enfants,"l'hypothèse d'un risque ne
pouvant être complètement exclue".
Aujourd'hui, selon les associations, les fabricants se
sont fait plus discrets mais les téléphones
mobiles destinés aux enfants sont toujours commercialisés
sur l'internet. En outre les grands opérateurs proposent
des forfaits pour les "moins de 15 ans".
Noël est une période faste pour le secteur,
avec 2,5 millions d'appareils vendus autour des fêtes. "On
est sur le registre de l'addiction", dit-on chez SFR.
"Comme il n'y a pas de campagne du ministère
de la Santé, on prend le relais", notait mardi
Stephen Kerchkove, d'Agir pour l'environnement. Dix associations
de consommateurs, de défense de l'environnement,
d'enseignants et de lutte contre le cancer ont donc lancé une
campagne contre l'utilisation excessive du téléphone
portable et contre son usage par les enfants.
Plusieurs modèles de cartes postales suggestives
-du genre : "un usage immodéré du téléphone
portable peut nuire à la santé"- pourront être
obtenues auprès d'Agir pour l'environnement et envoyées
aux ministre concernés -santé, éducation
nationale ou écologie.
Une brochure en quatre pages fait en outre le point sur
la "vulnérabilité particulière
des enfants" vis-à-vis des rayonnements, ionisants
ou pas, les résultats "préoccupants" des études
scientifiques, les expertises parfois contestables.
Janine Le Calvez (Priartem) cite une enquête publiée
cette année dans la revue spécialisée
Epidemiology, selon laquelle les enfants exposés
aux champs électromagnétiques in utero ou
pendant leur enfance auraient 80% plus de risques de souffrir
de problèmes comportementaux et d'hyperactivité.
Selon le Pr Dominique Belpomme, cancérologue et
président de l'Artac (association pour la recherche
thérapeutique anti-cancéreuse), il existe,
avec l'usage des téléphones portables, "un
réel problème de santé, malheureusement
pas abordé par les pouvoirs publics".
Pour les foetus, "la moindre anomalie va créer
une mutation indélébile dans la cellule",
souligne-t-il, soupçonnant que ces mutations induisent
plus tard "des cancers du sein ou de la prostate,
et des troubles de la reproduction". Il parle aussi
de "perturbations du système nerveux central" et
demande "l'interdiction du portable aux enfants de
moins de 12 ans, comme en Grande-Bretagne".
Les résultats de l'enquête internationale
Interphone sur les effets des ondes, financée par
l'Organisation mondiale de la santé, se font attendre.
Mais déjà, assure le Pr Belpomme, "il
y a suffisamment d'éléments pour dire que
l'utilisation du portable est nuisible pour la santé".
