Paris, le 23 décembre 2009 - Les associations environnementalistes
et d’usagers des transports dénoncent l’abandon
des engagements du Grenelle de l’environnement en
matière d’infrastructures de transports. Selon
la loi Grenelle1, l’Etat devait produire un nouveau
Schéma National des Infrastructures de Transport
avant la fin 2009 : cet engagement ne sera pas tenu, laissant
la voie libre aux lobbys et aux pouvoirs locaux pour opérer,
sur le terrain, une véritable relance autoroutière.
Le secteur des transports engendre en France 26% des émissions
de GES. La loi Grenelle 1 (article 9) a acté une
inversion de la tendance et une réduction des émissions
de 20% d’ici à 2020. « Cet objectif implique
une réduction de la demande de transport motorisé,
une amélioration de l’efficacité énergétique
des véhicules routiers et un transfert vers des modes
de transport plus sobres en carbone et en énergie
» rappelle Olivier Louchard, directeur du RAC-France
; « une relance de la construction autoroutière
serait irresponsable et condamnerait d’avance ces
ambitions ».
Afin d'engager une vraie rupture, les ONG avaient porté,
lors des négociations du Grenelle, l’exigence
d’un abandon des projets autoroutiers. Mais l’écriture
diplomatique de l’article 10 de la Loi Grenelle 1
en permet une large interprétation dans laquelle
s’engouffrent les tenants du tout-routier : «
L’Etat veillera à ce que l’augmentation
des capacités routières soit limitée
au traitement des points de congestion, des problèmes
de sécurité ou des besoins d’intérêt
local, en limitant les impacts sur l’environnement
». Cette série d’exceptions aurait pu
être contrebalancée par l’article 17
qui prévoit que « le Schéma National
des Infrastructures de Transport, qui constitue une révision
des décisions du CIAT, le Comité Interministériel
d’Aménagement du Territoire, de décembre
2003, [soit] élaboré en 2009, en concertation
avec les parties prenantes du Grenelle ».
Force est de constater qu’en violation de la loi,
le processus de concertation pour l’élaboration
du SNIT, n'a pas été mené à
son terme et que le projet de SNIT semble encore très
loin d'être abouti ! Pendant ce temps, quasiment tous
les projets autoroutiers prévus par le CIAT ont continué
de progresser, au point qu’en lieu et place de l'abandon
initialement réclamé par les associations,
c’est bien à une relance autoroutière
généralisée que nous assistons*. (voir
carte des projets climaticides)
Nos associations demandent donc au gouvernement de publier
l’actuel projet de SNIT et de rétablir le processus
de concertation inscrit dans la loi. Elles estiment par
ailleurs que de nombreux projets d’infrastructures
ne répondent qu’aux intérêts des
lobbys de la route : leur maintien serait incompréhensible.
« Les grands travaux routiers sont contre-productifs
: plus on en fait, plus il faut en faire car ils induisent
du trafic ; il faut concentrer l’effort financier
sur les transports collectifs urbains et le rail »
rappelle Jean Sivardière, président de la
FNAUT. « Les mythes du désenclavement et du
développement économique ont vécu ;
il faut leur opposer les réalités des destructions
environnementales et du dérèglement climatique
» martèle Julien Milanesi, porte-parole du
collectif Stop Autoroutes. « Il faut en finir avec
la schizophrénie de cette gouvernance qui se drape
de beaux discours écologiques à Copenhague
et poursuit des politiques climaticides sur le terrain »
conclut Yannick Vicaire, d’Agir pour l’environnement.
* Liste non exhaustive : A104 qui prolonge la Francilienne,
A10bis à proximité de Tours, RCEA entre Mâcon
et la façade atlantique, A831 à proximité
de Rochefort, A45 entre Lyon et Saint Etienne, contournement
ouest de Strasbourg, projet d’A32 à Toul, projet
de transformation de la RN 154 en autoroute, projet de deuxième
autoroute en Lozère, projet d’autoroute Castres-Mazamet-Toulouse,
projet d’autoroute Langres-Vesoul, mise à 2
x 3 voies de l’A31 Metz-Nancy et de l’A9 Perpignan-Perthus
(parallèle à deux voies ferrées), élargissement
des nationales à Nantes et Orléans…
