Les
guirlandes en veilleuse
SAVOIE
Ah, les illuminations de Noël ! Leur cortège
de lumières, couleurs, motifs et clignotements… Leur
féerie cyclique, leur part de rêve, leur promesse
de lendemains qui chantent, de cadeaux à déballer
avec frénésie… et leurs milliers de kilowattheures
consommés. Car depuis une quinzaine d'années,
les illuminations de Noël, publiques comme privées,
n'illustrent pas seulement le moment des Fêtes. Elles
sont le témoin (lumineux) d'un paradoxe. Alors que
le discours global tend à préparer les consciences à une ère
de gestion scrupuleuse de l'énergie, d'économie,
les illuminations n'ont fait que se développer tant
et plus. C'est ici une cité olympique qui, l'année
dernière encore, s'embrasait début décembre,
pour ne s'éteindre que fin mars… Spectacle surréaliste
de rues illuminées toute la nuit, et quasi-désertes à partir
de 20 heures… Ce sont là des chalets et maisons
qui flamboient à en rendre jalouse la voie publique,
et glanent même les places de podiums dans des concours
dédiés. Jamais nos Noël n'ont été plus
lumineux, et l'on peut trouver à cela de nombreuses
raisons : mise en valeur facile _ immédiatement “palpable” _
de la commune ; environnement festif créant des envies
et susceptible de doper un peu les achats ; émulation
entre les villes, les villages, les voisins…
Une campagne pour dénoncer un « grand gaspillage »
C'est mignon, c'est joli, mais pour certains, trop c'est
trop. Il y a un peu plus de dix jours, un collectif de quatre
organisations non gouvernementales (cf. Repères ci-contre)
a lancé une campagne contre ce qu'on pourrait appeler
la “pollution lumineuse”, visant à faire « prendre
conscience que la lumière peut être néfaste
pour l'environnement ». Selon l'Agence de l'environnement
et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), les
points lumineux ont augmenté de 30 % ces dix dernières
années. En Savoie, pourtant, il semble qu'on a passé le
pic de l'orgie électrique, et qu'on enclenche une
marche arrière, aussi bien dans la durée, que
dans l'intensité des décorations.
Les grandes villes du département réduisent
la voilure
À Albertville, où le piéton olympique
commençait à s'habituer à voir, quatre
mois durant, la ville de nuit comme en plein jour, la municipalité veut
marquer un virage. Claude Besenval, adjoint aux Travaux et
aux Économies d'énergie, l'explique : « Nous
allumerons les décorations le 6 décembre, et
elles seront éteintes à la fin des vacances
d'Hiver. Nous remplaçons aussi par de nouvelles lampes à leds,
qui consomment moins. Nous pensons pouvoir faire 15 à 20
% d'économie. Cela représentait quand même
50 000 € par hiver, juste pour la consommation ! »
À
Aix-les-Bains, le dispositif lumineux est en quasi-stagnation
(augmentation presque négligeable), avec des économies
réalisées sur l'intensité. « On
passe petit à petit de la lampe à filament à la
lampe à led » explique Robert Pégaz-Hector, « cela
peut faire passer une lampe de 15 W à environ 1, 5
W ». Allumées le 5 décembre, les lumières
devraient s'éteindre dans la première semaine
de janvier.
À
Saint-Jean-de-Maurienne, on se veut plutôt moins gourmand
qu'avant. Cette année, pour la première fois,
l'éclairage festif sera limité au cadre strict
d'un mois : du 5 décembre au 4 janvier.
La Motte-Servolex opte pour la sobriété, avec
un premier éclairage pour l'ouverture du marché de
Noël fin novembre, puis un arrêt, puis une reprise
du 22 décembre au 8 janvier. La fin du contrat triennal
de location occasionnera peut-être un changement pour
l'hiver prochain.
À
Chambéry, la période a été légèrement
raccourcie, selon Jacky Garbolino, adjoint au Commerce : « Ce
sera du 2 décembre au 6 janvier, et l'on passe aux
ampoules à basse tension pour faire des économies.
Dans notre budget “lumière”, c'est minime. » Un
coût global compris entre 9000 euros et 10 000 euros.
REPÈRES “ LE GRAND GASPILLAGE”
“Illuminations de Noël : le grand gaspillage”,
c'est le nom donné à la campagne lancée
par quatre organisations non gouvernementales le 29 octobre
: Agir pour l'environnement, Association nationale pour la
protection du ciel et de l'environnement nocturne, Réseau
action climat France, Sortir du nucléaire.
PIERRE LASTERRA
|