Il est des symboles qui frappent les consciences. L’action
de Greenpeace hier, durant un débat sur le climat,
dans le saint des saints de la République, l’Assemblée
nationale, a entraîné le courroux de certains
parlementaires. A quelques jours du Sommet de Copenhague,
les députés se pliaient, une fois encore…
une fois de trop !, à l’exercice de style qui
consiste à parler fort et agir peu.
Combien de belles formules enflammées sur le registre
chiraquien ont émaillé les discours depuis
tant d’années ? Combien faudra-t-il d’années
avant que la Représentation Nationale s’astreigne
à mettre en conformité le discours et les
actes ? Combien d’élu-es nationaux s’engagent
oralement en faveur de la lutte contre le dérèglement
climatique tout en poursuivant le développement de
projets climaticides localement ?
Le scandale est-il de profaner symboliquement un sanctuaire
républicain ou consiste-t-il à ne plus laisser
ronronner une représentation nationale qui tend à
s’endormir sur ses lauriers dorés ? Ne faut-il
pas, au contraire, s’offusquer du double discours
parlementaire systématique qui délégitime
profondément la crédibilité des représentants
du Peuple ?
A quelques jours du Sommet de Copenhague, les enjeux climatiques
nous conduisent à tirer un premier bilan des interventions
et décisions de nos brillants orateurs : Par dizaines,
localement, des projets climaticides sont en train d’être
décidés ! Aéroports, mine de charbon,
autoroutes, contournements, doublements de routes…
une vague de bitume sans précédent est en
train de se répandre sur la France ! Pire, nos parlementaires,
si sourcilleux quant à leurs prérogatives
et la défense de LEUR maison du Peuple, oublient
soigneusement de rappeler que deux ans… oui deux ans
après le Grenelle de l’environnement, ils n’ont
pas su trouver quinze jours pour approuver définitivement
la loi qui est censée traduire dans le corpus législatif
et réglementaire les « avancées »
du Grenelle !!!
Alors, oui, nous considérons qu’un happening,
fût-il quelque peu déstabilisant pour des élus
trop habitués aux joutes verbales surjouées,
vaut bien tous les renoncements écologiques. L’heure
n’est plus aux faux débats mais aux vraies
décisions. L’heure n’est plus à
la polémique sur la forme mais aux décisions
de fond.
Nous attendons la Représentation Nationale ! Nous
l’attendons de pied ferme afin que cette dernière,
face à l’urgence écologique, n’engage
plus une course de lenteur où les bons mots se suffiraient
à eux-mêmes. Agir est un devoir impérieux.
Le rappeler aux représentants du Peuple ne peut être
considéré comme un crime de « lèse
République !
Stéphen Kerckhove, Délégué
général d’Agir pour l’Environnement
