Climat : Coup dur à Durban !

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C’est après 36 heures de prolongations et deux nuits blanches que s’est clôt hier, à Durban (Afrique du Sud), la COP17, c’est à dire la 17ème Conférence des Parties qui ont ratifiés la convention de Rio en 1992.

Chaque année, ces Etats se retrouvent pour faire avancer les négociations sur le climat. Après Copenhague (COP15) en 2009 et Cancun (COP 16) en 2010, c’est à Durban que chef d’Etats, représentants de gouvernements, négociateurs et société civile se sont retrouvés avec un objectif capital: préparer la suite du protocole de Kyoto, seul outil juridiquement contraignant signé en 1997 et ratifié en 2005 (à l’exception des Etats-Unis) sur les émissions de GES (gaz à effet de serre) et qui arrive à terme en 2012.

Pour saisir l’importance de la COP 17, il est nécessaire de revenir en arrière, lors de la COP 15. Le sommet de Copenhague, sur lequel de nombreux espoirs reposaient de trouver un accord entre Etats et de rédiger un texte juridiquement contraignant sur la baisse des émissions de GES, a été un désastre et il n’en est sorti qu’un texte de « bonnes intentions » même pas signé par les « parties ». De nombreux espoirs, pays en développement et société civile en tête, furent déçus.

A Cancun en 2010, un accord a bien été signé mais il n’a fait que fixer des objectifs à atteindre, sans expliquer quels moyens utiliser pour y parvenir, tout en n’inscrivant aucune sanction juridique envers les Etats qui ne le respecteraient pas, sa portée étant ainsi très limité.

A l’heure où notre planète est « sur une trajectoire à haut réchauffement, à hauts coûts et à haut risque » à hauteur de +3,5°, comme le montre une étude  présentée le 6 décembre dernier en marge de la COP17, ces deux dernières semaines à Durban auraient pu être décisives pour les parties prenantes, la réduction des émissions de GES, l’environnement et les générations futures mais, sans grande surprise, la COP 17 n’a pas fait de miracle.

Si un accord a été trouvé, il n’en reste pas moins déconnecté de la réalité, sans contrainte juridique et laissant toutes les décisions importantes liées au protocole de Kyoto en suspens jusqu'à l’année prochaine, sans aucune certitude d’aboutissement. En effet, les 194 Etats présents à Durban se sont entendus sur une feuille de route pour la signature d’un accord en 2015 et une entrée en vigueur d’ici 2020. Le fond vert pour le climat a bien été mis en place mais nous sommes très loin du compte puisque aucun financement n’a été prévu pour le faire fonctionner. La COP 17 aura donc été un échec de plus dans sa tentative de sauver le climat et de maintenir le degré de réchauffement en dessous de 2°.

Retour sur deux longues semaines de négociations.

Dans le camp des défenseurs du protocole de Kyoto et favorables à la création d’outils juridiquement contraignant, se trouvaient tout d’abord les pays en développement qui sont les premiers touchés par le réchauffement climatique tout en étant les moins « responsables historiquement» des émissions de GES. L’Union Européenne a également défendu la prolongation du protocole de Kyoto mais n’était prête à s’engager que si les autres pays, Chine et Etats-Unis en tête s’engageaient aussi. « l'UE soutient le protocole de Kyoto, mais une seconde période de Kyoto qui n'engagerait que l'UE, dont les émissions représentent 11 % des émissions mondiales, ne suffirait clairement pas pour le climat»  a bien précisé Connie Hedegaard, membre de la Commission européenne chargé de l'action pour le climat.

Ainsi, l’Union Européenne semble sortir « vainqueur » de ces négociations et a même saluée la « percée historique » réalisée à Durban, cependant,  aucune décision n’a été prise sur la durée des engagements ou bien les règles de fonctionnement de la suite du protocole. L’issue de ces 15 jours de négociations reste confuse et empreinte d’un fort immobilisme.

Côté contre, Etats-Unis, Chine, Canada et Inde, les mauvais élèves, étaient clairement réfractaires à tout accord juridiquement contraignant, ne souhaitant pas mettre leur croissance économique en jeu, surtout en temps de crise internationale. Si ces pays ont finalement signé la feuille de route et si certains, notamment la Chine, ont montré de petits signes d’ouverture, il n’en reste pas moins qu’ils ont fortement ralenti les négociations, que leur engagement est minime et que la porte de sortie reste grande ouverte et sans aucune contrainte.

Les dés sont donc jetés en vue du prochain grand rendez-vous international liée au climat : Rio +20, soit la conférence des Nations Unies sur le développement durable, faisant écho au Sommet de la Terre qui a eu lieu à Rio en 1992. Cette fois, gouvernements, représentants et société civile seront réunis au Brésil entre le 20 et le 22 juin 2012 pour faire un bilan des avancées réalisées ces vingt dernières années en matière d’environnement mais également pour s’entendre sur les questions de gouvernance internationale et d’économie verte.