Copain comme cochon...

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A l’appel de la FNSEA, certains éleveurs de porc ont décidé de passer à l’action en bloquant des camions frigorifiques étrangers. En ligne de mire la revalorisation du prix de leurs produits, le coût des matières premières, la concurrence étrangère et les « lourdeurs administratives » pour s’implanter et se développer…

Par Larissa de Kochko, Coordinatrice de campagnes

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Les faits sont là, nous ne pouvons pas les nier : l’élevage est en crise.

Depuis 2009 les difficultés s’enchainent :

  • surproduction chronique,
  • baisse des prix,
  • sécheresses,
  • flambées des matières premières,
  • dérégulation des marchés…

Le métier d’éleveur est difficile ; il demande un investissement et un travail permanent et laborieux pour un revenu ne permettant pas de couvrir les coûts de production. Entre 2003 et 2012, le nombre d’exploitations agricole a baissé de 30% ; 35% des éleveurs ont plus de 55 ans…

Mais en prétendant défendre les emplois, le lobby porcin cherche surtout à accroître la logique actuelle en augmentant la taille des exploitations tout en s’affranchissant des « contraintes » écologiques ; concentration qui :

  • détruit davantage d'emplois,
  • précarise les éleveurs,
  • fait fi des problèmes environnementaux et sanitaires,
  • et va à l’encontre de la demande sociale.

La forte augmentation de la demande en protéines animales de ces dernières décennies a entraîné une explosion de l'élevage intensif. Ce système qui pousse au productivisme, en enrichit certains et en appauvrit beaucoup !  La manifestation de ce matin est la plus belle preuve que l’élevage industriel ne fait pas que des victimes animales !

Les cadences infernales, les conditions sanitaires difficiles et la violence des gestes rendent les ouvriers malades, physiquement et psychiquement. L’élevage de porcs et de volailles est devenu une industrie dont les éleveurs sont des « ouvriers » jetables et corvéables. Même si l'élevage d'herbivores (bovins, ovins, caprins) est souvent moins concentrationnaire, sa tendance au gigantisme recèle les mêmes drames humains : disparition des petites fermes, spécialisation (naisseurs, engraisseurs), dépendance économique vis-à-vis des aliments pour bétail. En particulier, l'absence d'autonomie fourragère conduit les élevages bovins industriels à subir de plein fouet la hausse des prix des céréales.

Et pourtant un autre modèle agricole, durable, existe. Il est temps que les aides directes de l’Europe ou indirectes par l’évolution de la réglementation française, soutiennent sa généralisation :

  • élevage biologique en priorité,
  • systèmes herbagers autonomes,
  • porcs sur paille avec accès au plein air,
  • etc.

La qualité doit être mieux rémunérée et mieux soutenue par les pouvoirs publics.

Ces élevages à dimension humaine ont pour triple vertus d’allier autonomie des exploitations, emplois locaux et produits de qualité. Les conditions de travail seront meilleures et répondront plus à l’aspiration des jeunes et aux attentes de la société, ils pollueront moins. Ils seront légèrement moins productifs, car ils n'utiliseront pas les ressources de l'Amérique Latine (soja OGM actuellement importé massivement) pour l'alimentation du bétail, mais leurs productions seront de bien meilleure qualité, apporteront beaucoup plus de valeur ajoutée... et suffiront largement à nos besoins !

Pour plus d’information : http://sauvonslelevage.fr