Interdiction des vols intérieurs, de la friture sur la ligne… aérienne ?!

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Tribune Lundi 11 mai 2020

Le 04 mai dernier, le ministre de l’économie réaffirmait son souhait de voir certaines lignes aériennes intérieures supprimées, notamment lorsque des trajets en train de moins de 2h30 existaient. Après avoir apporté une aide de plus de 7 milliards à Air France, cette contrepartie climatique est le minimum que nous puissions attendre afin de mettre la compagnie aérienne sur les rails de la transition écologique.

Las ; à peine le ministre avait-il fini sa tournée des médias que nous constations qu’Air France envisageait au contraire un retour à « l’anormal », prévoyant de faire décoller, dès le 11 mai, trois avions de Paris vers Montpellier, Brest et Bordeaux. Cette dernière ville est pourtant située à 2h08 de Paris en train. Pire, courant du mois de juin, la compagnie aérienne prévoit pas moins de huit allers-retours entre Paris et Lyon chaque jour, deux liaisons vers Nantes ou Rennes et autant de liaisons entre Marseille et Lyon !

Ces liaisons aériennes relèvent de la caricature. Pour un temps de déplacement équivalant, l’aérien va émettre de 40 à 60 fois plus de gaz à effet de serre que le train et coûte souvent plus cher. Rien ne justifie ces déplacements si ce n’est le « plaisir » de se distinguer en adoptant des modes de déplacement climaticides. Ce choix relève du caprice d’enfants gâtés, méprisant la gravité de la crise climatique actuelle. Si nous ne sommes même pas capables de renoncer à ce qui relève de l’anecdote, comment ferons-nous pour opérer cette vaste mutation écologique que nous appelons de nos vœux et qui exigera une ambition oh combien plus importante.

Nonobstant les conséquences climatiques de ce type de déplacement, le fait que les compagnies aériennes n’acceptent qu’à reculons les mesures de distanciations physiques en remplissant leurs avions sans l’espacement nécessaire aurait dû conduire le gouvernement à interdire purement et simplement les déplacements en avion ; qui, rappelons-le, ont été le principal vecteur de propagation du COVID19 !

Si le gouvernement n’ose imposer à Air France la suppression des liaisons intérieures pour des raisons climatiques, il doit le faire en privilégiant la santé des clients et des personnels navigants et non la rentabilité des compagnies aériennes.

Parce que nous n’acceptons plus que le monde d’après soit relégué à de vagues incantations non suivies d’effet, nous appelons le ministre à enfin en passer par une loi, fixant un cadre légal contraignant s’appliquant à l’ensemble des compagnies aériennes. A défaut, le gouvernement imposera à Air France des obligations qui profiteront à ses concurrents directs.

L’air de rien, nous sommes en passe d’intérioriser le fait qu’une belle déclaration vaut mieux qu’une décision effective. Devons-nous rappeler qu’on ne lutte pas contre les maux climatiques avec de simples mots, fussent-ils empreints d’une détermination ministérielle. L’heure est à l’action. Nous enjoignons le ministre à agir et non plus discourir.