L’été sera chaud, l’été sera chaud…

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Les intempéries que connaissent l’Allemagne, la Belgique et une partie de l’Est de la France sont une nouvelle illustration des effets du dérèglement climatique. Après plusieurs étés caniculaires, cette épisode pluvieux tout à fait atypique et particulièrement meurtrier doit nous conduire à repenser notre modèle de développement.

Après des décennies de déni et d’attentisme, nous voilà exposés aux conséquences de notre incurie. Après s’être rassurés à bon compte en évoquant sans trop y croire notre impact sur une bien hypothétique « génération future », nous devons nous rendre à l’évidence. Le chaos climatique n’est pas pour demain mais déjà installé et produit déjà ses effets destructeurs. Incapable de nous affranchir d’une vision hollywoodienne à la façon « le jour d’après », nous sommes et demeurons prisonniers d’une perception erronée.

Il n’y aura pas un jour d’avant et un jour d’après. Un jour où le dérèglement climatique sera de façon irréversible et une période rassurante et protectrice. Nous devons nous résoudre à accepter le fait que nous sommes d’ores et déjà entrés dans un monde d’épisodes climatiques extrêmes.

Personne ne se satisfait de cet horizon mais le dérèglement climatique n’a que faire de nos illusions et petits arrangements proprement humains.

D’autant que ces nouvelles croyances nous conduisent à perdre un temps précieux. Nous n’échapperons plus à ce sombre destin mais nous avons encore l’occasion de nous préparer et tenter de limiter l’emballement climatique. De notre action individuelle et collective dépend notre avenir à tous. Non pas pour revenir au bon vieux temps ou sauver ces bien évanescentes « générations futures » mais pour nous sauver nous-mêmes. Ou à tout le moins avoir tenté d’agir en tant qu’acteurs conscients de leurs responsabilités.

Ne pas intérioriser le fait que nous assisterions passivement à la destruction du monde ; pire, accepter d’être co-irresponsables de cet étrange scénario. La fin du monde n’est pas un mauvais film et nous ne sommes pas spectateurs. Chaque acte du quotidien nous rend comptables de cet effondrement.

En Allemagne, en Belgique après le Canada, la Russie ou l’Australie, nous devons déclarer l’urgence climatique et en tirer tous les enseignements politiques et économiques. Face à ce dérèglement du monde, le manque d’imagination de ce gouvernement et sa crainte de froisser quelques acteurs économiques responsables du drame qui se noue deviennent insupportables.

Trop longtemps, les écologistes ont eu le tort d’avoir raison trop tôt. Le modèle économique, politique et social né des « trente glorieuses » vacille sous nos yeux inquiets. De nombreux secteurs économiques ne résisteront pas et nous devons urgemment nous préparer afin que la crise climatique que nous subissons ne se double pas d’une vaste crise sociale. Les milliards d’euros du plan de relance doivent être intégralement fléchés pour opérer la profonde mutation de notre économie.

Croire que notre avenir sera fait d’avions, de voitures et d’hypermarchés, de 5G, d’objets connectés et d’engrais est sans doute rassurant mais irréaliste. Face à nos dénis individuels et mensonges collectifs, l’heure est à la lucidité. Elle est désagréable mais c’est sans doute la seule façon d’échapper à ce présent fait d’intempéries, canicules et autres bouleversements climatiques.