#NDDL... Cours Camarade, le vieux monde est derrière toi !

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Tribune libre de Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'Environnement

Le soutien apporté par le premier Ministre au projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes relève la cécité d’un monde politique en déshérence. Multipliant les annonces martiales et affirmations définitives, Manuel Valls apporte la preuve irréfutable qu’il est possible, en politique, de faire le contraire de ce que l’on affirme avec force. Il semble en effet possible de préparer le sommet climatique de Paris tout en soutenant un projet climaticide.

Les grands projets inutiles et climaticides sont aujourd’hui le symbole et le symptôme d’un monde malade du productivisme. Véritables boutons de fièvre, ils incarnent l’ambivalence d’une classe politique qui n’arrive pas à se départir du rêve lointain des trente glorieuses et de ses mythes fondateurs. Tel un disque rayé, les décideurs hoquètent. L’Histoire se réduit à une pâle copie du passé. Notre-Dame des Landes ; son concorde ; Pompidou, Messmer, le nucléaire. Industrie lourde, monde polluant à bout de souffle frappé d’apoplexie !

Cette classe politique vit dans l’illusion et la nostalgie. L’équation est pourtant définitivement fausse. Le plein emploi, la croissance et les grands travaux buttent sur l’inconnue écologique. Étonnamment, cette fuite en avant autorise cette classe politique poussiéreuse à ne plus devoir se justifier. Le Valls est rayé mais plus personne n’écoute déjà cette petite musique dissonante. Les responsables politiques ont définitivement déchiré le voile du réel et peuvent tranquillement puiser dans les vieux pots du productivisme des solutions présentées comme l’avenir indépassable de la société française.

Cette allégeance à un système en passe de s’effondrer révèle un monde clos sur lui-même. Inaptes à se sublimer pour saisir le potentiel novateur et émancipateur du paradigme écologique, ces élus naphtalines vivent l’écologie comme une contrainte à gommer à l’aide de contorsions syntaxiques.

Des maux… des mots. Pendant ce temps, la crise s’aggrave ; la confiance s’érode ; les tensions se multiplient. Les vilains petits canards écologiques sont jetés en pâture aux légataires universels du destructivisme. Une grenade offensive pour Rémi Fraisse, une pelle pour Bougrain Dubourg…

Les travaux inutiles sont la mauvaise conscience d’un productivisme finissant. Point de basculement, ils incarnent une ligne de fracture éminemment politique. Les enfants de Pompidou ont beau trépigner tels des enfants gâtés, ils devront, à l’avenir, composer et tenir compte du fait écologique. Le déni ou la duplicité peuvent être des réponses de court terme autorisant le secret espoir d’une réélection. Encore un peu de temps, Monsieur le bourreau. Juste encore un dernier aéroport… Après, on rase gratis. Demain, on réduira nos émissions de gaz à effet de serre. Les autres feront les efforts que nous n’avons pas su, pu ou voulu réaliser. Demain ? Jamais ? Trop tard !

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