Pinocchio(s) a pris le pouvoir !

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En quelques semaines, trois affaires ont défrayé la chronique médiatique. Ces affaires valent mieux que de longs discours sur l’état de l’État, sur son aptitude à faire appliquer le droit et ainsi se faire respecter d’acteurs privés mus par une avidité qu’il s’agit de sanctionner avec la plus grande fermeté.

Extrait de la lettre bilan - printemps 2013 - d'Agir pour l'Environnement.

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L’affaire de la viande de boeuf constituée de « minerais » de cheval est sans doute celle qui a eu le plus de retentissement.

Comme à la grande époque (révolue ?) du naufrage du pétrolier Erika où des intermédiaires douteux et filiales en cascade n’avaient vocation qu’à entretenir une irresponsabilité coupable, l’industrie agro-alimentaire se réfugie derrière des courtiers luxembourgeois et traders chypriotes pour mieux masquer de petits arrangements entre amis de la malbouffe.

Les constructeurs automobiles ont, quant à eux, décidé d’opter pour une nouvelle forme d’optimisation écologique leur permettant de réduire fictivement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules vendus en jouant sur les flexibilités offertes par les règlements européens.

Plus du tiers des baisses de CO2 constatées ces dernières années est virtuel ! Le manque à gagner de l’État est quant à lui bien réel. Le malus perçu sur la vente de véhicules polluants repose sur des données erronées. Le bonus versé est également octroyé sur une base douteuse. Le consommateur, en achetant un véhicule présenté comme moins polluant est clairement induit en erreur.

Le secteur des télécommunications n’est pas exempté de ce grand mouvement pinocchiolesque ! La loi Grenelle 2 a fixé quelques obligations assez légères, notamment l’interdiction de vendre des portables à des enfants de moins de 6 ans, de diffuser des pubs ciblant des enfants de moins de 12 ans ou encore d’imposer des kits oreillettes et une information minimale sur l’exposition des usagers aux ondes du portable. Les exemples d’irrespect de la loi sont légion, à tel point qu’il est désormais possible de s’interroger sur la raison d’être de la loi si l’État n’a plus les moyens de la faire respecter.

La loi est dure mais elle s’applique avec la même sévérité que vous soyez puissant ou misérable. Ceci est la théorie fondant notre droit. En pratique, dans un contexte d’ultralibéralisme triomphant, force est de constater que certains acteurs économiques, et non des moindres, ont décidé de défier l’État démocratique, ses lois et ses institutions. La réaction semble se faire attendre… laissant supposer un accord tacite des décideurs politiques ! La réaction étatique doit pourtant être à la hauteur de ces multiples provocations ! Il y a urgence ; au nom de la loi...