Trois questions @Novissen, association opposée au projet de ferme-usine dit des 1000 vaches
Un industriel du BTP envisage de construire une ferme-usine de 1000 vaches dans la Somme; ferme-usine couplée à un méthaniseur. Ce grand projet inutile est contesté localement, notamment par l'association Novissen qui organise samedi 28 septembre 2013 à partir de 14h une grande manifestation à Drucat (80).
Question n°1 // En quoi consiste le projet dit de la ferme des "mille" vaches et pourquoi le
contestez-vous ?
Le projet est présenté sur le site Internet www.novissen.com
. Pour faire court, il s’agit de transposer aux vaches laitières le principe de
l’élevage en batterie, et d’utiliser, pour une installation de méthanisation en
réalité industrielle, les subventions publiques accordées aux agriculteurs. M.
Ramery, riche entrepreneur en BTP, envisage d’implanter une ferme où 1750
bovins seront enfermés à l’année. (En effet, on oublie souvent que les 1000
vaches laitières dont on parle sont obligatoirement accompagnées de veaux et de
génisses). Chacun pourra calculer ce qu’il faut de nourriture, d’eau, et quel
lisier découlera d’un pareil cheptel. Le lait sera vendu à plus bas prix que la
moyenne actuelle. Mais la rentabilité sera assurée par un méthaniseur d’1,4 MW
qui accueillera, en plus du lisier produit sur place, des déchets alimentaires
récoltés, des boues des stations d’épuration, etc…Issue de ce méthaniseur
déclaré « agricole », l’électricité produite sera vendue à un tarif avantageux.
Le lait sert donc de paravent, et n’est plus qu’un sous-produit du lisier. Les
déchets ultimes du méthaniseur, appelés digestats, bien que de composition
indéterminée, seront épandus dans les champs sur 2700 hectares.
Le
dossier est particulièrement complexe. Les raisons de le refuser sont très
nombreuses et très graves. Il y a déjà les multiples nuisances au cadre de vie
(l’installation est à 600m des premières habitations), mais bien pires seront
les pollutions catastrophiques des terres et de l’eau. Sur la santé publique
pèsent les dangers de la « malbouffe » (lait et viande de très basse qualité),
et les mutations virales ingérables qui sont, on le sait, favorisées par les
concentrations animales. La sécurité a été bradée : peu importe fuites,
explosion, incendies, le méthaniseur - déclaré agricole - n’est pas aux normes
industrielles. Quant au bien-être animal, est-il besoin de préciser que, vu la
mortalité attendue, une plate-forme de stockage des cadavres a été prévue ? Par
ailleurs, est-il admissible que l’enrichissement personnel du promoteur se fasse
à partir de subventions en argent public ? Et que dire de l’impact sur l’emploi
lourdement négatif ? Pour une dizaine d’emplois promis, combien vont
disparaître par la concurrence ? Et il serait trop complexe d’aborder les
multiples conséquences désastreuses sur notre économie en général, via
l’agriculture. Enfin, ce projet comporte un bon nombre d’irrégularités que les
avocats mettent en lumière, et que la Justice ne peut pas ne pas voir, sauf si
diverses considérations l’aveuglent. Pour conclure, imposer de force ce projet à
une population qui à 90% n’en veut pas, relève de procédés qui n’ont rien à voir
avec la démocratie.
Question n°2 // Le projet de la ferme des 1000 vaches est-elle à
l'élevage ce que le projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes est aux
infrastructures de transport ?
Bien entendu, sur le plan technique, les
vaches et la méthanisation sont assez éloignées des transports aériens ! Mais un
certain nombre de points communs existent entre l’aéroport de Notre-Dame-des
Landes et les 1000 vaches : sur le plan social, politique et économique. De part
et d’autre, il s’agit de projets visant le gigantisme, inutiles et imposés :
l’intérêt général est absent, seuls sont pris en compte les intérêts d’une
poignée de personnes. Il y a rejet massif de la population dans les deux cas
avec « surdité » des pouvoirs publics, ou plus exactement tentatives de leur
part de faire passer le projet grâce à des ruses. Bien entendu, le combat
s’enlise dans la durée, et l’exaspération créée par ce déni de démocratie mène
à une révolte plus musclée. Dans les deux cas aussi, il ne s’agit pas d’un « NON
» stérile. La population prend de plus en plus clairement conscience de ce
qu’elle veut, à la place de ce qui lui est imposé : le respect de la santé, de
l’environnement, un partage équitable du travail et des richesses. Dans la
mesure où les élus nationaux et locaux dans les deux cas se mettent du côté des
promoteurs, les citoyens se sentent trahis par ceux qui sont censés les
représenter. Ce fossé mène à une situation explosive – et peut-être ingérable -
à plus ou moins brève échéance. Les deux projets sont emblématiques d’un malaise
général très grave.
Question n°3 /// Qu'attendez-vous du gouvernement ?
Déjà qu’il
respecte la démocratie ! Une très large majorité ne veut pas de ce projet : il
n’a pas à être imposé. Ensuite qu’il crée des lois là où elles manquent, et
qu’il pose des limites (de distance, de volume, etc…) visant à modérer l’appétit
insatiable de certains. Que, par ailleurs, les lois existantes soient réellement
appliquées. Ne nous voilons pas la face : la corruption est une véritable
gangrène dans notre pays, et soulève à juste titre l’indignation et
l’écoeurement. Enfin qu’il prenne clairement une position et la soutienne par
des raisons valables, au lieu de se réfugier dans un brouillard confus. « Bien
que ce projet demeure très éloigné du modèle d’exploitation familiale
traditionnellement développé sur le territoire que j’entends défendre
prioritairement, il s’appuie sur des méthodes et des technologies innovantes,
dont les résultats, s’ils sont vérifiés, pourraient être exploités dans le cadre
de projets collectifs ». Ainsi, si l’on en croit la réponse de M. Le Foll qui
nous a été adressée par son Directeur de Cabinet en ce 29 juillet 2013, nous
allons être les cobayes d’une expérimentation (tant pis pour les risques
encourus), en vue de voir ce que donne un modèle radicalement à l’opposé de ce
qu’il dit vouloir défendre prioritairement ! Sur le plan intellectuel et
éthique, de tels propos laissent
songeur….
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