Trois questions @ Stéphane Péron, pdt de l'asso Pour les Chambaran sans Center Parcs

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Massacre à la tronçonneuse, le nouveau film de Pierre&Vacances ! Ou comment un Center Parcs, situé au milieu de la forêt des Chambaran risque de détruire plus de 250 hectares de zone exceptionnelle !!! Revenons avec Stéphane Péron, président de l'association Pour les Chambaran sans Center Parcs sur ce projet contesté.

Question n°1 / Que reprochez vous au projet de Center Parcs situé dans la forêt de Chambaran ?

Avec un millier de maisons autour d'une bulle aquatique (soit l'équivalent d'une ville moyenne de près de 6000 habitants), ce complexe touristique est totalement démesuré !

ATTEINTE A L'ENVIRONNEMENT

Mais surtout il est prévu d'installer cette ville :
- sur une zone humide ou la destruction a été évaluée à 110-120 hectares;
- sur la tête de bassin de 2 rivières essentiellement Drômoises… Pire le projet est situé sur les sources de l'une d'elle !!
- C'est 31 hectares qui vont être artificialisés générant tous les problèmes que l'on connaît aujourd'hui avec les inondations dans le sud-est;
- sur une aire d'alimentation de la nappe phréatique dont il a été recommandé dans des études financées par l'agence de l'eau, le conseil général de l'Isère et de la Drôme, de ne rien construire pour pas détériorer le fonctionnement de la nappe !
- Avec un consommation d'eau correspondant à une ville de 7000 habitants ! En cas de sécheresse l'été, en pleine saison pour Center Parcs, laisseront nous les piscines et douches couler à flot pendant qu'on demandera aux agriculteurs et habitants de se serrer la ceinture sur leur consommation d'eau ? N'est-ce pas aujourd'hui qu'on doit réfléchir à tout cela ? L'eau c'est la Vie… Ne la gaspillons pas pour des activités que ne correspondent pas à des besoins réels et qui détruisent notre environnement !
- Citons enfin, les nombreuses espèces, protégées entre autres (il y a 35), qui habitent ce site, éloigné de toute habitation.

ARGENT PUBLIC GASPILLE

Mais ce n'est pas tout, c'est tout une collectivité qui se saigne pour accueillir ce projet :
C'est 37,4 millions d'euros dont une bonne partie sur de l'endettement ! (La région, 7 millions, le Conseil Général de l'Isère : 14 millions, Roybon qui vend un terrain constructible 0,3cts d'euros le m²… la déviation pour un coût de 4 millions, etc.)
Mis bout à bout avec les niches fiscales dont bénéficie le groupe Pierre&Vacances, c'est au bas mot 112 millions d'euros qui seront injectées par les collectivités et l’État dans ce projet, soit un équivalent de 240 000 euros d'aides indirectes versées par emploi créé !! Donnez 240 000 euros à n'importe quel employeur local, je peux vous assurer qu'il embauche et forme les yeux fermés. Pas besoin d'un Center Parcs pour cela !

Pour conclure, on voit des collectivités qui prennent tous les risques dans un projet tenu par un promoteur, coté en bourse en perte depuis des années, qui lui sera assuré de faire sa plus-value lors de la vente des cottages, peu importe ce qui peut arriver derrière.

Le groupe Pierre&Vacances, qui a de plus en plus de mal pour trouver de nouveaux investisseurs s'adresse notamment à la caisse des dépôts et consignation et se tourne vers le marché chinois en tentant de vendre les cottages financés par nous tous à des chinois.

C'est la pire situation qui soit puisque c'est l'argent de tous les français qui achète, sans qu'ils le sachent, des cottages ! On marche complètement sur la tête quand on sait que près de 700 000 personnes n'ont pas de logement en France. Et 3,5 millions sont très mal logées. N'y-a-t-il pas aujourd'hui d'autres choix à faire que se précipiter dans de l'immobilier de Tourisme qui a déjà multiplié sa progression par 27 en 20 ans grâce aux niches fiscales ?

Question n°2 // Comment un projet qui a reçu un avis négatif des trois commissaires enquêteurs peut-il voir le jour ?

Effectivement, dans les faits :
- Le CNPN a émis un avis négatif;
- La commission d'enquête publique « Loi sur l'eau » a émis un avis négatif avec 12 points majeurs relevés dont un seul d'entre eux suffirait à retoquer le projet;
- L'Onema a refusé d'émettre un avis car faute d'informations;
- La FRAPNA (émanation de France Nature Environnement au niveau Rhône-Alpes) a émis des alertes, des avis très négatifs pour au final attaquer ce projet devant les tribunaux, projet qu'elle connaît très bien, pour avoir accompagné l'aménageur dans les moindres détails sur la partie environnementale.

Et Pourtant le Préfet a signé les autorisations le 3 et 16 octobre dernier ! Pourquoi ? Parce que la problématique environnementale a été relayée tout à la fin ! Toutes les autorisations d'urbanisme ont été données avant même qu'on se soit interrogé sur la conformité du dossier au niveau de l'environnement... On est tout à fait dans la logique de notre économie actuelle où l'environnement DOIT s'adapter à l'humain et à ses projets. On se rend bien compte qu'on va dans le mur... Tous les 8 à 10 c'est un département Français qui disparaît sous l'urbanisation ! Il nous faut d'urgence changer de paradigme en plaçant l'environnement au coeur des choix de société en dépassant la langue de bois du développement durable.

Enfin, il y a en en France tout un simulacre de démocratie participative car au final, quoiqu'il puisse être dit en enquête publique, c'est le préfet (l'Etat) qui a le dernier mot. Et comme l'Etat veut créer de l'emploi à N'IMPORTE QUEL PRIX, on comprend (même si on la dénonce !) la décision qui a été prise.

Et il ne reste plus alors comme choix que de s'opposer physiquement au projet pour préserver la zone, c'est le rôle de la ZAD, ou d'attaquer en justice les autorisations accordées, et c'est le rôle de l'association que je représente.

Question n°3 /// Ce projet est-il le symptôme d'une démocratie malade d'élus sans imagination ?

Oui bien évidemment ... Nous avons des élus pour la plupart, spécialistes du cumul de mandats, qui font de la politique un métier à part entière, coupés de la vie et du bon sens. Certains sont plus occupés à faire des inaugurations pour honorer tous leurs mandats et leur image publique, qu'à réfléchir à des solutions pérennes et économes en argent public. Du coup, cela laisse la place aux lobbyistes du BTP, de la FNSEA et de l'immobilier en général, fortement dépendants des deniers publics mais dévastateurs sur le plan environnemental.

Les élus, perdus dans les logiques de sur-endettement de leur commune, de leur canton ou département, dépassés par la crise, se jettent à corps perdus sur ces grands projets inutiles que ces lobbys leurs soumettent, persuadés que c'est LA seule solution possible pour l'avenir.

Jamais ils semblent se poser la question du monde dans lequel ils aimeraient vivre demain avec leurs enfants... Pourtant cette crise est une formidable opportunité pour remettre tout à plat et s'interroger sur ses causes profondes, liées aux choix court-termistes de nos ainés, pour la plupart enfermés dans le concept d'une croissance infinie et déconnectée de nos besoins réels.

Plus d'infos sur le site Pour les Chambaran sans Center Parcs ou sur http://zadroybon.wordpress.com/