Glyphosate : le gouvernement français sera responsable devant l'histoire

Communiqués de presse

Faute d'obtenir une majorité qualifiée pour ou contre la réautorisation du glyphosate, le « Conseil des ministres » de l'Union européenne a laissé ce matin la Commission prendre seule la décision de l'autoriser de nouveau pour 10 années supplémentaires.

Cette décision est dramatique pour la biodiversité, la santé humaine et la transition agricole.

Il n'est pas nécessaire de revenir ici sur toutes les raisons pour lesquelles un grand nombre de scientifiques de premier plan et d'associations s'opposent drastiquement à l'usage de cet herbicide : tri arbitraire des agences sanitaires qui écartent les études publiées dans des revues à comité de lecture mais retiennent des résumés invérifiables d'études internes aux industriels de l'agrochimie, présence massive des molécules dérivées du glyphosate et de ses co-adjuvants dans l'environnement, effets certains de ces molécules sur la biodiversité et la santé humaine (perturbateurs endocriniens, effets tératogènes, développement de maladies neuro-dégénératives, etc.), refus d'engager une véritable transition agroécologique des pratiques.

Comme de nombreux acteurs publics et scientifiques, Agir pour l'Environnement a déjà expliqué les dangers du glyphosate et aura l'occasion d'y revenir en détail. Mais l'actualité du jour consiste en un véritable tour de passe-passe démocratique et médiatique. En décidant de se cacher derrière l'abstention, l'État français savait qu'il validait de facto le choix de la Commission, c'est-à-dire celui de la prolongation de l'usage de ce pesticide controversé. Il s'agit donc d'une position de pur affichage politicien. Il faut le dire clairement : connaissant pertinemment la volonté de la Commission de prolonger le glyphosate, tous les pays qui se sont abstenus ont en réalité voté « pour la prolongation ».

Derrière une apparente abstention, le gouvernement français a fait le choix conscient et explicite de réautoriser le glyphosate pour 10 ans. Il devra l'assumer, et sera responsable de l'accélération de l'effondrement de la biodiversité, de l'impasse de la transition agroécologique, ainsi que de l'accroissement des maladies chez les agriculteurs, les riverains et les consommateurs.