Glyphosate : vous en reprendrez bien dix louches ?

Communiqués de presse

La Commission européenne va proposer vendredi de prolonger de 10 ans supplémentaires l'autorisation d'usage agricole du glyphosate.

Cette position, qui s'appuie sur un avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) contesté par le monde scientifique, devrait être soutenue par la France au mépris total des engagements pris en 2017 par Emmanuel Macron.

Les revues Contexte et Médiapart révèlent aujourd'hui le contenu de la position que la Commission européenne va défendre à partir de vendredi : le renouvellement pour 10 ans de l'autorisation du pesticide glyphosate. Ce choix n'est pas une surprise puisque l'EFSA avait récemment publié un avis favorable – assorti toutefois d'énormes précautions et d'un aveu terrible sur l'existence de zones d'ombres scientifiques majeures.

« L'EFSA n'est pas un comité scientifique mais une agence réglementaire qui rend des avis politiques », rappelle Jacques Caplat, d'Agir pour l'Environnement. « Son avis écarte de façon arbitraire la plupart des études publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture, qui concluent très majoritairement à la toxicité du glyphosate pour les écosystèmes et les humains, mais s'appuie au contraire sur des travaux secrets dont les fabricants de glyphosate ne transmettent que des résumés invérifiables que l'EFSA croit sur parole ! ».

Désormais, un comité composé de représentants de chaque pays va valider la proposition de la Commission, qui sera avalisée formellement par un vote de chaque État-membre, mi-octobre. La position de la France sera cruciale, car l'Allemagne s'opposera à ce renouvellement et il serait possible de constituer ainsi une minorité de blocage.

Or, au mépris cynique des engagements pris en 2017 par le Président de la République qui disait « Je m'engage à interdire le glyphosate dans les trois ans », le gouvernement français a déjà annoncé par la voix de son ministre de l'Agriculture son intention de valider ce renouvellement. Agir Pour l'Environnement dénonce ce revirement spectaculaire, qui constitue une insulte envers tous les acteurs de l'environnement et de l'agroécologie, et qui discrédite la France au sein de l'Europe. Emmanuel Macron vise-t-il le record du président « super-menteur » ?

La France peut encore sauver son honneur ; nous appelons solennellement le gouvernement français à reprendre ses esprits, respecter les engagements de 2017, et s'opposer fermement à ce renouvellement criminel et cynique.