Gaz et huiles de schiste : de la fuite en avant... à la fuite de gaz !

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La raréfaction irréversible et le renchérissement du coût du pétrole et du gaz amènent certains responsables politiques à envisager des solutions de court terme comme un blocage temporaire du prix des carburants ou l'utilisation de nos réserves stratégiques. Par manque de courage, les décideurs cherchent à nier la réalité de la pénurie à venir tout en occultant les effets du dérèglement climatique. C'est ainsi que parmi les options envisagées, les gaz et huile de schiste occupent une place de premier choix. Le tout est de contenter le club des « pétrooliques anonymes » et de gagner un peu de temps ! Au risque d'aboutir à un crash climatique !

Article paru dans la [LETTRE spéciale RIO+20] EDITO - Si tu vas à Rio...

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Malgré les risques environnementaux posés par ces gaz et huiles de schiste, la France a été l'un des premiers pays à décider de se lancer dans cette nouvelle course à l'énergie en délivrant en toute opacité en mars 2010 des permis de recherche à plusieurs industries sur le territoire national. Une seule fracturation hydraulique (technique d'extraction consistant à injecter sous pression de l'eau afin de fracturer la roche-mère) réclame 20 millions de litres d'eau soit l'équivalent de six piscines olympiques. Pour exploiter ces gaz, il est possible d'ériger jusqu'à un puits tous les 200 mètres.

L'eau est mélangée à un grand nombre de produits chimiques qui peuvent constituer 200 tonnes de déchets chimiques enfermés dans le sous-sol et dans les aquifères et peuvent rendre l'eau radioactive ! Et ce n'est pas tout : fuite de gaz dans les aquifères, difficile traitement des eaux dans les stations d'épuration, perte d'étanchéité des nappes phréatiques et même contamination de l'eau du robinet (qui sous l'effet du gaz peut parfois s'enflammer). À l'heure où nos ressources en eau diminuent fortement et où environ un milliard et demi de personnes n'ont pas accès à l'eau potable, il est insensé de vouloir encore développer une énergie hautement hydrophage.

Face aux mobilisations locales, l’État français a tenté de faire contre mauvaise fortune bon coeur en orchestrant un retrait stratégique. Une loi a été adoptée en urgence interdisant la fracturation hydraulique mais laissant la porte ouverte à d'éventuelles explorations menées au titre de la recherche. Comme de mauvaises coutumes, l’État pose une mauvaise question en espérant obtenir une bonne réponse ! Les gaz de schiste s'inscrivent pleinement dans une société énergivore dans laquelle la consommation croissante d'énergie entretient un dérèglement climatique que tout le monde cherche à combattre... dans les discours.

Au lieu d'appréhender les questions énergétiques sous l'angle de la sobriété et de la nécessaire transition énergétique, les décideurs politiques aimeraient nous obliger à choisir entre la peste et le choléra, entre le nucléaire, le pétrole ou les gaz de schiste. Résultat : le gaspillage énergétique érigé en modèle nous oblige à recourir au nucléaire, au pétrole et au gaz de schiste ! Les biens communs que sont l'eau et le climat sont clairement dans le viseur des gaz et huiles de schiste. En les exploitant, la France fait à l'évidence le choix d'accroître ses rejets de gaz effet de serre tout en polluant durablement les nappes phréatiques.

Face à cette aberration aussi bien écologique que démocratique, il est urgent d'interdire l'exploration aussi bien que l'exploitation des gaz et huiles de schiste, quelle que soit la technique d'extraction utilisée, fût-elle justifiée au nom d'une pseudo recherche scientifique (dont l'ambition première est de créer les conditions d'une acceptation sociale).

Pour cela, il est nécessaire d'abroger tous les permis octroyés, les permis encore actifs et d'arrêter l'instruction de nouveaux permis.

Pour en savoir plus

Site de collectifs citoyens anti-gaz et huiles de schiste :