SCOOP : La sortie du nucléaire prévue en l'an 4115* !

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La France s'est engagée à réduire la part du nucléaire de 75 à 50 % dans son mix électrique. Pour accompagner cette transition énergétique annoncée, un débat national réunit plusieurs dizaines d'acteurs afin de dessiner l'avenir énergétique du pays. Mais ce débat est prisonnier d'injonctions contradictoires. Comment réduire la part du nucléaire et construire un nouvel EPR à Flamanville ?

Extrait de la lettre bilan - printemps 2013 - d'Agir pour l'Environnement.

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Comment passer de 75 à 50 % d'ici 2025 en ne fermant que deux réacteurs sur les 58 que compte la France en un quinquennat ?

Des réponses à ces questions dépendent la crédibilité du débat sur l'énergie. Or, force est de constater que le gouvernement a choisi... de ne pas choisir ! La plus vieille centrale nucléaire de France située à Fessenheim est appelée à fermer fin 2016. D'une puissance de 1.800 MW, la fermeture des deux réacteurs alsaciens serait quasiment intégralement compensée par la mise en service du réacteur de Flamanville d'une puissance de 1650 MW. En terme purement arithmétique, durant le quinquennat de François Hollande, entre 2012 et 2017, la France réduira la puissance installée nucléaire de 63.100 à 62.950 MW, faisant ainsi passer la part du nucléaire de 75 à 74,82 % ! A ce rythme, il faudra 419 quinquennats à l'actuel chef de l'Etat pour sortir complètement la France de l'ornière nucléaire ! Si aucune alternance ne vient freiner ce « changement », notre pays sortira donc du nucléaire en l'an 4115. En l'état, la transition énergétique annoncée sera aussi ambitieuse que le changement promis...

Mais il y a pire ! La fermeture annoncée des deux réacteurs de Fessenheim fin 2016 (soit quelques mois avant une nouvelle élection présidentielle...) crée les conditions objectives d'un abandon de cette bien modeste avancée.

Ce qu'illustrent ces données, c'est le peu d'ambition marquant l'action gouvernementale. Au lieu d'engager la France sur la voie d'une transition énergétique réussie, notre pays hoquette, louvoie et ne choisit pas. En restant au milieu du gué, les responsables optent pour une nouvelle forme de procrastination politique, remettant à plus tard ce qu'ils auraient du décider il y a bien longtemps. Volontairement ou involontairement, ils laissent ainsi passer le train de la transition énergétique en investissant les rares deniers publics dans un modèle énergétique dépassé, dangereux et coûteux. C'est ainsi que l'EPR aura englouti plus de 8,5 milliards d'euros et qu'une catastrophe nucléaire pourrait coûter, selon l'IRSN, jusqu'à 5.800 milliards d'euros à la France ! La menace écologique et sanitaire est également une bombe à retardement économique puisque le secteur n'est assuré qu'à hauteur de 91 millions d'euros.

En matière de transition énergétique, le changement ne peut se limiter à des discours convenus. La menace nucléaire nous oblige à agir avec rapidité, cohérence, ambition et ténacité.

* D’ici à cette date, combien de Tchernobyl ? Combien de Fukushima ?