Débat Energie : Parce que trop n’est jamais assez ?

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Selon l’hebdomadaire Le Point qui a pris soin d'interviewer Jean-Marc Ayrault sur le dossier du projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes, ce dernier aurait déclaré « On ne va tout de même pas tomber dans la décroissance ». Entre cris du cœur et cécité absolue, la réaction du premier ministre aux manifestations d'opposition au projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes n'en demeure pas moins symptomatique d'une vision étriquée du monde à venir.

Point de vue de Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l'Environnement

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 Selon l’hebdomadaire Le Point qui a pris soin d'interviewer Jean-Marc Ayrault sur le dossier du projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes, ce dernier aurait déclaré « On ne va tout de même pas tomber dans la décroissance ». Entre cris du cœur et cécité absolue, la réaction du premier ministre aux manifestations d'opposition au projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes n'en demeure pas moins symptomatique d'une vision étriquée du monde à venir.

 Symptomatiques car ces propos relèvent en filigrane la duplicité d'une classe politique qui n'a de cesse de vanter les mérites d'une sobriété énergétique sans pour autant modifier leur prisme de lecture. Ce grand écart sémantico-idéologique leur permet ainsi de soutenir la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, avancer masquer sur les gaz et pétroles de schistes, engager les travaux en vue de construire de nouvelles autoroutes et aéroports tout en s'engageant à réduire « drastiquement » nos émissions de gaz à effet de serre et en portant au nu la maîtrise de l'énergie.

 Peu leur importe que l'Agence internationale de l'énergie affirme que pour contenir la hausse des températures à moins de 2°, il nous faudrait laisser les deux-tiers de hydrocarbures sous nos pieds. Peu leur importe que la France se soit engagée à réduire de 20% sa consommation d'énergie et réduire de 20% ses émissions de CO2 d'ici à 2020. Que vaut la parole de la France face à l'addiction des pétrooliques anonymes ?

 De là naît cette écologie hors-sol dont l'ambition est avant tout de rassurer et gagner du temps en simulant un changement qui demeure confiner aux seuls discours.

 Poussé à bout, le premier ministre finit par avouer que l'objectif principal n'est pas d'engager une décroissance de notre intensité énergétique mais d'entretenir les mêmes logiques qu'engagées durant les trente glorieuses et cinquante gaspilleuses; perpétuer ce qui nous conduit inévitablement aux crises écologiques que plus personne ne conteste. Tout juste consent-il à mâtiner d'une petite couche de vert pâle la fin de discours que plus personne n'écoute. Le premier Ministre exècre la décroissance car elle remet en cause une vision du monde. Par confort intellectuel, faiblesse idéologique ou peur du changement, le chef du gouvernement s'arcboute sur ses incohérences. Le grand écart réclame de la souplesse. Il s’entraîne nuit et jour au lieu de penser l'avenir. Faute de mieux... nous panserons l'avenir !

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