Des lasagnes made in « malbouffe »

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Les firmes agroalimentaires cherchent décidément à nous faire avaler n’importe quoi. Le scandale des plats préparés surgelés à la viande de cheval n’est que la dernière couleuvre en date. Il ne s’agit pas ici d’un scandale sanitaire (pas encore…), puisque cette viande est (semble-t-il) consommable ; Il s’agit d’une fraude énorme dont les consommateurs sont malgré tout les victimes.

Par Larissa de Kochko – Coordinatrice de campagnes.

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Le secteur agro-alimentaire n'a plus grand chose d'agricole ni d'alimentaire. Sa seule vocation est d'engranger des bénéfices, qui sont optimisés par des circuits commerciaux tortueux permettant d’acquérir des ingrédients les moins chers possibles. Pourquoi la viande incriminée provient-elle ici de Roumanie ? Parce que dans ce pays, le cheval est particulièrement peu onéreux ces derniers temps… suite à une loi interdisant la circulation des charrettes et ayant incité à « réformer » les anciens chevaux de trait.

Pour comprendre comment cette viande chevaline a pu remplacer la viande de bœuf, il faut entrer dans la valse interminable d'une filière agro-alimentaire extra-longue dont plus personne ne se sent responsable de quoi que ce soit alors que tous les maillons sont pourtant en cause. Ce système de chaîne à multiples intermédiaires est particulièrement idéal pour diluer les responsabilités et mettre en place des systèmes douteux.

Résumons. Ce nouveau scandale alimentaire implique des intermédiaires de six nationalités différentes : le groupe Findus (basé en Suède) qui sous-traitait la fabrication des plats à l’usine luxembourgeoise de Tavola, filiale de Comigel (implanté à Metz), fourni par l’importateur Spanghero (installé à Castelnaudary), qui « a acquis la viande surgelée auprès d’un trader chypriote, qui avait sous-traité la commande à un trader situé aux Pays-Bas, ce dernier s’étant fourni auprès d’un abattoir et d’un atelier de découpe situés en Roumanie », d'après un communiqué de Benoît Hamon, le ministre délégué à la Consommation. Bien évidemment, tout ce petit monde se renvoie la balle et chacun estime être la victime d'un système. Ben voyons !

Pour faire bonne figure, les acteurs du secteur promettent d’améliorer la traçabilité, ce mot passe-partout et rassurant. Pourtant, la traçabilité n’est nécessaire que lorsque le producteur et le consommateur se perdent de vue. Surtout, elle ne garantie rien sur les conditions d’élevage des animaux, qui est pourtant un corollaire de ces filières internationales complexes. L’animal n’est pour elles qu’une usine à viande, abstraite et interchangeable. Ce n’est pas un hasard si ces firmes agro-alimentaires ont peu à peu remplacé les élevages à taille humaine d’animaux sortant au plein air, par des élevages concentrationnaires et industriels, bouillon de culture de virus et bactéries résistants et bombes sanitaires à retardement.

Cette affaire nous donne encore une fois l'opportunité de dire qu'il est vraiment plus que temps de raccourcir les circuits d'approvisionnement et de limiter les intermédiaires. Rapprocher le consommateur du producteur permet de mieux connaître (et améliorer) les conditions d’élevage, d'éviter les mauvaises surprises ou de régler le problème plus rapidement.

Il reste encore bien des zones d'ombre dans cette affaire, notamment au sujet de la qualité sanitaire de la viande chevaline retrouvée, mais une chose est claire : la filière viande et l'industrie de l’agroalimentaire cherchent avant tout à se faire du beurre sur le dos des consommateurs. La quête de profit est tellement forte que le consommateur n'a aucun moyen de savoir réellement ce qui se retrouve dans son assiette. Libérons-nous ! Munissons-nous de nos fourchettes et de nos couteaux pour consommer autrement : optons pour une alimentation moins carnée, locale, de saison et bio ! À nous de réduire les intermédiaires et d’éviter ces firmes coupables mais jamais responsables.