Diésel : Coupable mais toujours pas responsable ?

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La défiscalisation du diésel écourte la vie de 42 000 personnes chaque année en France et coûte plus de sept milliards au budget de l’Etat (hors coût sanitaire). Voilà deux bonnes raisons pour stopper cette incitation fiscale qui a fait de notre pays le champion mondial du diésel.

Point de vue de Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'Environnement

La défiscalisation du diésel écourte la vie de 42 000 personnes chaque année en France et coûte plus de sept milliards au budget de l’Etat (hors coût sanitaire). Voilà deux bonnes raisons pour stopper cette incitation fiscale qui a fait de note pays le champion mondial du diésel. Plus de 70% des véhicules vendus en France sont diésel contre 40% en Allemagne !

Malgré les nombreux signaux d’alerte émis par les plus hautes instances sanitaires quant aux conséquences délétères de l’émission de particules fines, le gouvernement français opte pour une nouvelle forme de procrastination politique. Au nom d’une défense de courte vue des intérêts bien compris des constructeurs français, le ministre du redressement productif a pris la tête d’un conservatisme industriel et sanitaire criminel.

Alors que c’est justement la stratégique unique du tout-diésel qui amène aujourd’hui Peugeot dans le mur industriel, ce ministre fait montre d’un manque de clairvoyance criant. Avec plus de 12 millions de français vivant dans une zone fortement polluée par le diésel, les prises de position du ministre du redressement productif en font désormais l’un des principaux responsables de cette catastrophe sanitaire.

Au nom de la défense du pouvoir d’achat, le ministre prend la tête d’un combat d’arrière garde. Or, si 70% des nouveaux véhicules carburent au diesel, ce sont avant tout les véhicules de société, à plus de 95%, qui utilisent ce type de carburant bon marché car peu taxé. In fine, cette aide déguisée aux entreprises est supportée directement par les contribuables et indirectement par l’assurance maladie.

Toutes les conditions sont pourtant réunies pour engager une profonde restructuration du secteur automobile. Selon le cabinet d’études IHS, le marché européen du diésel devrait baisser de 4 à 5 % dans les cinq prochaines années. Le coût humain et financier du tout-diésel relève du secret de polichinelle. L’option stratégique que la France se fait fort de soutenir isole notre pays de la scène internationale qui renonce et dénonce de plus en plus clairement ce carburant cancérigène. De fait, la situation catastrophique de Peugeot est clairement induite par cette pensée unique industrielle.

Chaque jour que passe le gouvernement à tergiverser et polémiquer sur l’opportunité de commencer une réflexion débouchant sur la rédaction d’un éventuel rapport envisageant la possibilité d’une expérimentation locale et ponctuelle à venir… entraîne la mort certaine de personnes ayant eu la mauvaise idée d’inhaler ces particules fines.

A l’instar de l’amiante ou du tabac, le doute n’est plus permis. Un procès du diésel est désormais inévitable.

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