Le 25 avril 1986, la catastrophe nucléaire était "impossible"…

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 Voilà 26 ans qu'eut lieu la catastrophe de Tchernobyl. L'effet anesthésiant du temps érode notre perception des faits et occulte les effets sanitaires et environnementaux engendrés par cet accident nucléaire majeur. Plus d'un an après Fukushima, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le rythme médiatique ainsi que notre propension au déni nous amènent trop vite à oublier les dangers du nucléaire, particulièrement dans un pays, la France, qui concentre environ 20% des réacteurs en fonctionnement dans le monde.

Par Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement

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Le second tour de l'élection présidentielle semble s'ouvrir comme le premier s'est clos, en occultant les crises écologiques et les défis qu'ils posent à nos sociétés énergivores. Alors qu'une course poursuite s'engage entre les deux « finalistes » afin de déterminer qui des deux sera le mieux à même de parler aux électeurs de l'extrême, les questions énergétiques sont, une nouvelle fois, en passe d'être oubliées.

La catastrophe de Tchernobyl et celle de Fukushima devraient pourtant nous rappeler qu'aucun pays n'est à l'abri d'une contamination radioactive de grande ampleur. Même si une fumeuse culture de la sureté entretient l'illusion d'un « nucléaire sur et sans danger », force est de constater que la privatisation larvée du secteur de l'électricité, le vieillissement des installations ainsi que la multiplication de prestataires de service peu formés créent les conditions objectives d'un accident.

La multiplication des incidents de Penly au Tricastin, de Cadarache à Flamanville sont tout à la fois  des révélateurs et des signes avant-coureurs. Les symptômes d'un édifice nucléaire se lézardant sont légions. Et ce ne sont pas ces pseudos « tests de résistance », rejetant d'un revers de main toutes les causes réelles et sérieuses qui pourraient mettre en lumière les failles de sécurité, qui peuvent nous rassurer.

L'élection présidentielle doit être l'occasion de poser sérieusement les jalons d'une sortie du nucléaire avant que le pire ne se produise. Moins de trente pays dans le monde ont recours au nucléaire. Le monolithisme de l'hexagone en matière énergétique fait de la France un géant aux pieds d'argile, dépendant d'un nucléaire dont la technologie est lourde, coûteuse et dangereuse.

Le 25 avril 1986 et le 10 mars 2011, l'accident nucléaire était impossible. Les acteurs du nucléaire l'affirmaient avec une assurance qui défi toute rationalité. Ces catastrophes sont pourtant devenues réalité. Des milliers de liquidateurs y ont laissé leur vie. De vastes territoires sont désormais irradiés pour l'éternité. A l'échelle de l'Histoire, les polémiques sur la viande halal ou sur les « vrais » travailleurs du 1er mai apparaîtront pour ce qu'elles sont : une inconséquence émanant d'irresponsables politiques inaptes à saisir les dangers des crises écologiques en général et de la menace nucléaire en particulier.

Le 26 avril 2012, entre 19h55 et 20h, nous éteindrons lumières et appareils électriques pour commémorer et protester. Rendez-vous sur http://www.cinqminutescontrelenucleaire.fr