Secteur automobile : De la crise écologique à la crise sociale...

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Par Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement

Après avoir vainement tenté de nier la réalité des crises écologiques, le monde de l’automobile découvre tardivement les conséquences sociales d’une politique de l’autruche. Alors que les écologistes n’ont eu de cesse d’alerter les constructeurs automobiles, force nous est de constater que nous avons eu le tort d’avoir raison trop tôt !

Les trop nombreuses alertes qui se sont succédées depuis 2008 n’ont en rien modifié la stratégie industrielle des principaux constructeurs automobiles. Pire, certains constructeurs, dont Peugeot, au lieu d’investir massivement dans une transition nécessaire de l’outil de production, ont cru bon devoir développer 4x4 et autres grosses berlines que les consommateurs boudent !

 A l’incurie écologique, les dirigeants de Peugeot optent parallèlement pour une politique antisociale. Il est plus que regrettable que le constructeur hexagonal n’ait pas compris que le déni ne peut tenir lieu de stratégie industrielle. A l’heure du renchérissement du coût des matières pétrolières, à l’heure du dérèglement climatique, à l’heure de la reconnaissance (tardive) des effets du diésel sur le développement de cancers, Peugeot, comme les autres constructeurs n’ont d’autres choix que de s’adapter ou mourir.

 Le désamour (cette fois-ci consommé) entre les français et leur automobile n’est pas ponctuel mais conjoncturel. La voiture n’est désormais plus qu’un simple outil de mobilité. De fait, la centralité de l’automobile est dernière nous. Croire, comme le font les dirigeants de Peugeot, que la réponse à la crise automobile résiderait dans la production de voitures coûteuses à l’achat et à l’usage, lourde et non fonctionnel en zone urbaine conduit ainsi le constructeur à annoncer un énième plan social aux conséquences humaines insupportables. Ce sont ainsi plus de 8.000 familles qui vont subir les conséquences directes de choix stratégiques irrationnels !

 Dès 2008, l’Etat aurait été bien inspiré de conditionner le versement d’un argent public précieux à la mise en œuvre d’un vaste plan de transition écologique du secteur automobile. L’Etat doit rapidement prendre ses responsabilités en aidant la filière automobile à se restructurer. A défaut, le plan social annoncé par les dirigeants de Peugeot ne sera malheureusement pas le dernier.