Six mois après le changement de majorité : carton jaune pour les gaz et huiles de schiste

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L'heure est (déjà) au bilan. La conférence de presse donnée hier par le Chef de l’État était l'occasion de dresser un bilan des six premiers mois de la gauche au pouvoir. Une opportunité pour les associations environnementales de communiquer sur les décisions prises en matière environnementale.

Par Sophie Bordères

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Si de nombreuses associations s'accordent à donner un carton rouge à François Hollande pour les mesures liées aux transports (et notamment sur les récentes expulsions à Notre Dame des Landes), sur la fiscalité écologique, la politique énergétique, ou encore sur les objectifs sur le climat et l'énergie, la question de gaz de schiste fait encore une fois débat.

On ne peut que se féliciter du rejet de la proposition du rapport Gallois de reprendre les recherches et l'exploration des hydrocarbures de schiste sur le territoire français. Cependant, la porte est encore loin d'être fermée à l'exploitation des gaz et huiles de schiste et il est nécessaire de rester très vigilant sur cette question et ce pour de nombreuses raisons.

Tout d'abord, le rejet par le Président de sept permis en cours d'instruction lors de la conférence environnementale de septembre dernier a laissé se propager l'idée selon laquelle les gaz et huiles de schiste seraient définitivement abandonnés. Or, il reste encore 61 permis valides sur le territoire français et la menace d'une exploration des hydrocarbures de schiste reste d’une brûlante actualité.

Un autre élément laissant penser que la porte reste  ouverte concerne l'interdiction de la fracturation hydraulique avec l'éventualité de rouvrir le dossier si une autre technique venait à être découverte. C'est ce qu'a réaffirmé François Hollande lors de la conférence de presse du 13 novembre 2012 en déclarant que la fracturation hydraulique est certes « une atteinte considérable à l'environnement » mais en ajoutant que « la recherche continue sur d'autres techniques ».

Cela constitue un énorme recul de la position des socialistes qui, le 13 juillet 2011, déposaient une proposition de loi (notamment signée par Delphine Batho, Jean-Marc Ayrault, François Hollande et Arnaud Montebourg) visant à interdire « Toute exploitation de ces nouvelles énergies fossiles est impactante sur le plan environnemental, quelle que soit la technique utilisée. En réponse à un courrier d’Agir pour l’Environnement, le candidat Hollande répondait que « quelle que soit la méthode d’extraction, je suis pour l’interdiction claire et nette de l’exploitation des gaz et huiles de schistes ».

Les gaz et huiles de schiste ne peuvent en effet se résumer à un problème de technique d’exploitation. Les contraintes climatiques nous obligent aujourd'hui à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Quelque soit la technique utilisée, le fait d’exploiter des gaz de schiste ouvriraient la porte à une ruée vers une énergie qui ne ferait qu’accroître nos émissions de CO2. Ce serait tout bonnement irresponsable !

La transition énergétique exige une cohérence qui ne sera pas au rendez-vous si nous choisissons d'accumuler de nouvelles capacités de production (et donc d’accroître nos émissions de gaz à effet de serre) tout en communiquant sur la sobriété énergétique.

Agir pour l'environnement décerne donc un carton jaune aux décisions du gouvernement actuel concernant l'exploration et l'exploitation des gaz et huiles de schiste. Agir pour l'environnement réaffirme également qu'il est nécessaire et urgent d'abroger les 61 permis déjà accordés pour la prospection des gaz et huiles de schiste et de rejeter les demandes actuelles de permis, afin d’enclencher la transition écologique et de se tourner vers la sobriété énergétique.

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