Sommet énergie de l'UE: Pas de pitié pour le climat!

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Les 27 chefs de gouvernements, réunis hier à Bruxelles pour un énième sommet européen dédié à l'évasion fiscale et à l'énergie, ont rédigé une déclaration finale qui, sans grande surprise, délaisse la transition énergétique pour courir derrière les lobbies et les énergies fossiles.

Par Sophie Bordères - Coordinatrice de campagnes.

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Cette déclaration finale, loin d'aborder la transition énergétique, la sobriété, les énergies renouvelables, etc. ne pense les objectifs énergétiques de l'Union Européenne qu'en termes de compétitivité industrielle, de baisse des prix de la facture et d'investissement nécessaire du secteur privé pour financer les politiques énergétiques.

Les gouvernements ont également insisté pour pouvoir être les seuls maîtres de leur mix énergétique, c'est à dire que c'est à eux seuls de décider s'ils utiliseront du nucléaire, du charbon ou....des gaz de schiste. Même si cette dernière source d'énergie fait débat au sein de l'Union Européenne, il semblerait que l'avenir énergétique ne soit pas envisagé sans recours à l'exploitation des gaz et huiles de schiste, les premiers arguments étant une énergie peu couteuse et la baisse du prix de la facture pour les citoyens.

Pourtant, on le sait, les gaz et huiles de schiste risquent de coûter très cher à la planète et sont bien loin des objectifs d'une transition énergétique. Ils vont à l'inverse de l'objectif de l'Union Européenne de réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020 puisque l'exploitation de cette énergie entraînerait de nombreuses fuites de méthane. Lesquelles,, traversant l'atmosphère, ne feraient qu'augmenter nos émissions de gaz à effet de serre.

Si la France a, pour le moment fermé la porte à la fracturation hydraulique, Arnaud Montebourg ne cesse de multiplier les déclarations pro gaz de schiste quand Delphine Batho semble défendre, sans réelle conviction, l'interdiction de la fracturation hydraulique...tant qu'une autre méthode « plus propre » n'est pas développée. La porte est donc fermée...mais prête à être réouverte ! Et les signaux envoyés depuis le débat sur la transition énergétique ne sont pas fait pour nous rassurer. On apprend ainsi que poussé par le MEDEF, le groupe de travail sur le financement de la transition énergétique,défend le recours aux gaz de schiste et demande « un infléchissement de la position française » afin « d’éviter de faire prendre de nouvelles années de retard à notre pays ».

De son côté, le groupe texan Schuepbach, suite à l'abrogation de ses permis de recherche d'hydrocarbures de Nant et de Villeneuve de Berg à d'ailleurs saisi le Conseil d'Etat d'une question prioritaire de constitutionnalité de la loi de juillet 2011 interdisant la fracturation hydraulique en France . En déclarant les articles 1 et 3 anticonstitutionnels et non conforme à la Charte de l'environnement et à la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen, l'industriel menace la loi et avec, l'interdiction toute entière d'explorer les gaz et huiles de schiste sur le territoire français. Le Conseil d’État à jusqu'au 19 juin pour se prononcer sur la censure ou non de la loi. S'il ne le fait pas, le Conseil Constitutionnel sera immédiatement saisi.

Que ce soit l'Union Européenne ou ses États membres, à commencer par la France,  il est déplorable de voir qu'aucun effort n'est réalisé pour se saisir de la transition énergétique et se tourner, enfin, vers les énergies renouvelables. L'énergie reste une question de « gros sous » comme les autres, la planète et les générations futures passant bien après l'enrichissement des industriels. Il est donc plus que jamais nécessaire de rester vigilant et mobilisés afin de dire non à une Europe des énergies fossiles et des gaz et huiles de schiste !