STOP PROMO : Comment vendre deux voitures pour le prix de 4 ?!

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Avec les convictions et la constance qu’on lui connaît, Arnaud Montebourg prend le volant de la voiture électrique de Renault ; en n’oubliant pas d’embarquer quelques journalistes pour immortaliser le moment historique. Incidemment, il n’hésite pas à montrer « l’exemple » en roulant à 66 km/h en ville et ainsi entretenir l’idée que l’excès de vitesse serait une valeur positive à mettre au crédit de la voiture électrique !

Le secteur automobile est en crise. La voiture fait désormais l’objet d’un déclassement symbolique. Elle n’est plus qu’un simple objet de mobilité. Malgré ce constat, les constructeurs espèrent encore et toujours recréer une relation passionnelle. Pour les besoins de la cause, le ministre du redressement productif est appelé à la rescousse pour survendre l’illusion d’un véhicule plus vert que vert, la voiture électrique.

 Le ministre se prête donc à l’exercice médiatique afin de vanter les mérites de la voiture électrique, quitte à en faire trop pour cacher les faiblesses de ce véhicule. Son prix tout d’abord. Le ministre du redressement productif n’hésite pas à annoncer que la voiture électrique est désormais accessible puisque vendu au prix d’un véhicule thermique. Parce que l’Etat français n’a aucun problème d’ordre budgétaire… il a subventionné, pour 300 millions d’euros, une baisse cosmétique du prix de l’essence durant trois moins, décidé de soutenir en 2013 les agro-carburants à hauteur de 250 millions d’euros, annoncé une hausse du bonus à 7000 euros pour tout achat d’un véhicule électrique et décider de soutenir à hauteur de 50 millions d’euros le développement des lieux de recharge desdits véhicules. Parallèlement à ce soutien financier, le budget du ministère de l’écologie… baissera de 8,8% en 2013 !

 Si 10.000 véhicules électriques étaient vendus en 2013 (soit moins de 0.3% des ventes de véhicules en France), le coût pour le budget de l’Etat avoisinerait les 70 millions d’euros. Pour l’usager, le coût de la location de la batterie frôle les 1000 euros par an auquel il faut ajouter le prix de l’électricité qui ne pourra qu’augmenter au regard de la vétusté des centrales nucléaires françaises ! En 2011, le coût moyen en carburant pour un véhicule thermique était de 500 à 786 euros… Plus cher à l’achat, le véhicule électrique a toutes les chances d’être plus cher également à l’usage !

 Mais pour compenser le coût d’achat et un coût de fonctionnement très loin d’être marginal, l’Etat a également décidé de baisser le prix des péages pour les véhicules électriques. Pour cet engagement en tout cas, gageons que le budget de l’Etat ou celui des sociétés d’autoroute ne devrait pas trop mis à contribution ! Alors que l’autonomie d’une véhicule électrique peine à dépasser la centaine de kilomètres (autonomie baissant rapidement avec l’augmentation de la vitesse…), qui peut croire que les voitures électriques emprunteront le réseau autoroutier ? A 130 km/h, le conducteur d’une voiture électrique devrait recharger son véhicule toutes les demi-heures !

 La faible autonomie du véhicule électrique en fait une automobile à usage exclusivement urbain, zone qui devrait être réservée aux modes de déplacement doux comme le vélo, la marche à pieds ou encore les transports en commun. L’intérêt d’un véhicule électrique, pour un constructeur automobile en crise, est donc de vendre deux voitures (pour le prix de quatre ?) là où, par le passé, une seule suffisait. Mieux (pour le constructeur), l’Etat subventionne grassement l’achat de ce second véhicule. Mieux² (pour le constructeur), cette communication ministérielle autour de la voiture électrique a pour vertu de verdir l’image de constructeurs qui se préparent tous à commercialiser, en 2013, de nouveaux 4x4, lourds, polluants et à usage… urbain (venant ainsi concurrencer le marché potentiel de la voiture électrique) !

 Il est grand temps d’aborder la question de la mobilité et d’y répondre politiquement. Face aux crises climatiques et énergétiques, la réponse aux problèmes posés ne peut se résumer à une question de « moteur ». A l’avenir, cette mobilité qui confine parfois au bougisme devra nécessairement prendre en compte la raréfaction des matières premières. Laisser croire que la voiture électrique serait « LA » réponse aux contraintes écologiques est une illusion qui nous fait perdre un temps précieux. La transition énergétique est une chose trop sérieuse pour sombrer dans les errements d’un verdissement politique sans lendemain.

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