Système électrique français : Trois spécificités lourdes de conséquences

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La France a toujours été un pays à part en matière de production et de consommation d’électricité. Trois spécificités la distinguent de ses voisins européens, faisant de l’Hexagone un géant radioactif aux pieds d’argile. Chaque baisse de la température fait vaciller le système électrique français. Retour sur ces trois spécificités.


LE NUCLEAIRE – Avec 63130 MW de puissance nucléaire installée, la France produit environ 74% de son électricité à partir de l’uranium (mais seulement 16% de l’énergie finale consommée), faisant de la France le pays le plus nucléarisé au monde. Peu flexible, le nucléaire produit une électricité dite de base, abondante aux heures creuses mais inapte à répondre à une demande marquée par de fortes variations.

LES LIGNES A TRES HAUTE TENSION – Avec 48052 kms de lignes à haute et très haute tension, la France concentre environ 50% des lignes THT européennes. Ces lignes THT sont rendues nécessaires par l’extrême centralisation des moyens de production. Un réseau électrique structuré autour de ces lignes THT rend l’hypothèse d’un effondrement en cascade probable, notamment durant les périodes de grand froid.

LE CHAUFFAGE ELECTRIQUE – Troisième face d’une même pièce, le chauffage électrique est au cœur de la stratégie commerciale de l’opérateur historique, EDF, qui n’a eu de cesse, depuis plus de 40 ans, d’inciter les propriétaires à se doter de convecteurs électriques. Avec une efficacité énergétique qui peine à dépasser les 30%, ce mode de chauffage est coûteux pour l’usager et le grand responsable d’une précarité énergétique croissante. Le chauffage électrique a pour effet de solidariser les courbes de consommation à celle de la température. Dans les faits, le chauffage électrique impose à la France des importations particulièrement coûteuses aux heures de pointe, durant lesquelles l’électricité est une ressource rare. Ce type de chauffage oblige notre pays à se doter de surcapacité de production, inutile 99% du temps. La forte variation de la consommation nous impose de surcroit de faire appel à des capacités de production très émettrices de gaz à effet de serre. Une note commune interne de RTE et de l’Ademe (diffusée en octobre 2007) estimait que chaque kWh supplémentaire consommé aux heures de pointe avait un bilan carbone voisin de 500 à 600 grammes de CO2/kWh (contre 180 g de CO2/kWh en moyenne).
Selon Enerpresse, la baisse d’un degré de la température nécessite 2 300 MW de capacité de production supplémentaire en France, contre 600 MW au Royaume-Uni, 500 en Allemagne et 300 MW en Italie.

En faisant le choix du chauffage électrique, la France subit les conséquences du nucléaire et de l’effet de serre.

Ces trois spécificités relèvent avant tout l’irrationalité d’une politique énergétique purement idéologie. Il est grand temps de revoir en profondeur cette politique afin de produire ce qui est consommé plutôt que consommer ce qui est produit. La sobriété et l’efficacité doivent remplacer le gaspillage et l’idéologie.