RTE ou l’hypothèse de scénarios performatifs ?

Communiqués de presse

À un rythme désormais semestriel, le Réseau de Transport de l’Électricité (RTE) publie des scénarios qui prévoient une augmentation considérable de la consommation électrique d'ici à 2035, allant de 28 % à 41 % de plus par rapport à celle enregistrée en 2022.

Agir pour l’Environnement s’étonne de ces évaluations, compte tenu des évolutions constatées ces dernières années. En effet, entre 2001 et 2022, la consommation électrique du pays n’a progressé que de 3,4 TWh (passant de 449.9 TWh à 453.3 TWh) alors que la filiale d’EDF estime que la France va augmenter sa consommation de 126 à 186 TWh en à peine 12 ans.

Évaluation d’autant plus extravagante qu’en 2022, la France a enregistré une baisse de 18 TWh de sa consommation, qui devrait de nouveau baisser d’un peu plus de 15 TWh en 2023. Les données passées mettent un évidence une extrême stabilité de la consommation française électrique ces 20 dernières années doublées d’une forte baisse récente due à la guerre en Ukraine. C’est pourtant à partir de ces données que RTE en arrive à conclure que dans les douze prochaines années, la France pourrait augmenter sa consommation électrique dans des proportions et une durée jamais constatées dans l’histoire électrique française.

Ces hypothèses douteuses apparaissent pourtant au grand jour dans la figure 10 du dossier présenté par le Réseau de Transport de l’Électricité. Alors que la France n’a connu une augmentation de sa consommation que de 11 TWh par an durant 10 ans entre 1980 et 1990, avant de connaître une baisse progressive de 2 TWh par an entre 2010 et 2020, puis de s’effondrer de 4 TWh par an entre 2021 et 2023, RTE envisage, rien de moins, d’augmenter la consommation électrique hexagonale de 14 TWh pendant 12 ans de 2023 à 2035.

Ces évaluations sont d’autant plus curieuses qu’elles ne semblent pas prendre en compte les effets du dérèglement climatique engendrant un redoux hivernal ayant de fortes conséquences sur la consommation électrique, ainsi que les multiples augmentations du coût de l’électricité qui ne pourront que limiter les augmentations de consommation envisagées.

Ces erreurs manifestes d’appréciation sont pourtant une constante pour cet organisme qui a publié pas moins de 10 scénarios depuis 2001, tous marqués par une surestimation systématique de la consommation électrique du pays.

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